« Eux aussi font le sport français… » Fabien Meuris, Directeur du projet olympique et paralympique de la ville de Paris

Publié le 26 décembre 2016 à 14h49 dans Eux aussi font le sport français...

Ils sont DG d’institution sportive, expert du sport business, avocat, chasseur de têtes, DG d’association d’élus locaux, lobbyiste, DTN, ou directeur des sports de collectivité territoriale, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias. Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise. Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Fabien Meuris, Directeur du projet olympique et paralympique de la ville de Paris.

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Après des études à Sciences Po et un Master de Droit public, tu as réussi le concours d’Administrateur du Sénat en 2003. Tu y as toujours traité des questions de sport. Par hasard, par passion, par intérêt professionnel ?

Clairement par goût. J’ai toujours été passionné par le sport, que ce soit en tant que pratiquant, téléspectateur ou pour le suivre en tant que sujet d’études.

Quand je suis arrivé à la commission de la culture du Sénat, j’ai demandé spécifiquement à pouvoir traiter les sujets sportifs, même si ce ne sont pas toujours ceux qui font le plus l’actualité législative. En parallèle, je me suis impliqué dans l’association sportive du Sénat, jusqu’à la présider quelques années. Elle compte plus de 1200 adhérents et j’étais très heureux de participer de cette façon au développement de la pratique sportive, de manière plus concrète.

Évidemment, le seul sujet « sport » ne peut pas occuper à plein temps au Sénat, et j’étais en charge d’autres secteurs de nos politiques publiques (audiovisuel, presse, cinéma).

Peux-tu nous parler du quotidien d’un Administrateur du Sénat ?

Un administrateur en commission travaille de manière très étroite avec les rapporteurs et le président de la commission. Il s’agit d’analyser les textes de loi qui sont déposés sur le Bureau du Sénat, de participer à la rédaction du rapport adopté par la Commission, de proposer des orientations au rapporteur, d’assurer la rédaction des amendements, et enfin d’assister en tant que « conseil » à la séance publique. Parallèlement, nous organisons la rédaction des rapports analysant le budget de l’État consacré à telle ou telle politique ou contrôlant une activité spécifique du Gouvernement.

Par exemple, j’ai eu le plaisir d’être le chef de secrétariat de la commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre le dopage, qui a abouti à une cinquantaine de préconisations après plusieurs dizaines d’auditions ou d’avoir participé à la rédaction de plusieurs propositions de loi ayant finalement été inscrites dans le code du sport.

En 2014, tu quittes le Sénat pour rejoindre l’Association nationale des ligues de sports professionnels (ANLSP)…pendant un mois et demi, Thierry Braillard t’appelant pour diriger son cabinet. Tu aurais aimé rester plus longtemps à l’ANLSP ? Quels dossiers aurais-tu aimé faire avancer en priorité ?

J’avais acquis un certain nombre de convictions dans mon expérience précédente, et notamment celle que secteur du sport professionnel devait disposer de plus de marges de manœuvre en termes de gouvernance, parce qu’il est soumis à une très forte concurrence et qu’il devait en même temps faire reconnaître sa spécificité au niveau communautaire.

Je n’ai pas pu faire avancer ces dossiers à l’ANLSP, mais en revanche j’ai soutenu ces évolutions dans le cadre de mes fonctions de cabinet. Donc je n’ai pas de regrets d’avoir quitté aussi vite mes fonctions…

 Tu as donc passé 15 mois (avril 2014- juin 2015) auprès du Secrétaire d’Etat chargé des sports, comme directeur de cabinet puis comme conseiller spécial. Quels dossiers traitais-tu en particulier ? Quels souvenirs gardes-tu de ton passage en cabinet ministériel qui n’est pas un job comme un autre ?

J’ai traité de l’ensemble des sujets en tant que directeur de cabinet, mais je me suis penché davantage sur les réformes réglementaires, du fait de mes fonctions précédentes : décentralisation des Creps, réforme des délais de procédure en droit du sport, fiscalité des grands évènements… En tant que conseiller spécial, je me suis occupé des sujets « sport professionnel », « dopage » et « réformes législatives ». J’ai eu la chance de participer à la préparation et à l’adoption de la proposition de loi visant à protéger les sportifs de haut niveau et professionnels, sur laquelle Thierry Braillard s’est énormément investi.

Je garde d’excellents souvenirs de ce passage professionnel. C’est évidemment chronophage, mais quand on est passionné par un sujet, ça vaut le coup. Je garde aussi le souvenir que ce n’était pas toujours évident de s’imposer en réunions interministérielles et j’en ai tiré comme conclusion que le monde du sport devait cultiver ses réseaux hors de son secteur, afin de pouvoir peser davantage.

Aujourd’hui, tu es Directeur du Projet Olympique et Paralympique à la Ville de Paris. Quel est ton rôle concrètement ?

Je coordonne l’ensemble des actions de la Ville de Paris sur le sujet olympique. Concrètement, avec mon équipe, je suis l’interlocuteur parisien du comité de candidature sur l’ensemble des sujets (gouvernance, dossier technique, relations internationales, définition de l’héritage) et je supervise également les activités olympiques et paralympiques plus spécifiques à la Ville (évènementiel et politiques publiques d’accompagnement).

Ton parcours te donne un regard avisé sur les relations entre l’Etat, les collectivités locales et le mouvement sportif. Si tu étais ministre des sports, quelle serait ta première mesure ?

Je refuserais ce poste. En premier lieu, d’autres seraient bien meilleurs que moi pour l’occuper. De plus, en temps de restriction budgétaire, il est compliqué d’être un ministre avec un portefeuille étroit, qui ne facilite pas les négociations avec les autres ministères. Je pense qu’il est temps de construire (ou reconstruire) un grand ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports qui porte avec force un projet de société intégrant pleinement la dimension sportive.

D’après toi, qui est la personnalité 2016 du sport business ou institutionnel français ?

Je suis complètement biaisé par mes activités… Force est cependant de reconnaître qu’en temps de candidature olympique, tout ce qui s’y rattache prend une saveur et une ampleur particulière. Et, je trouve que Tony Estanguet a pris une ampleur extraordinaire en cette année 2016. Il était évidemment déjà triple champion olympique et membre du CIO. Il est maintenant co-président d’une candidature olympique qui a bien démarré, porte un budget important et bénéficie d’une médiatisation majeure, tant en France qu’à l’international. Je trouve qu’il assume parfaitement ses fonctions et que sa montée en puissance est impressionnante.

Et celle qui pourrait l’être en 2017 ?

Ecoute, j’espère que ce sera Anne Hidalgo, en tant que maire de la Ville qui ramène les Jeux olympiques d’été en France, un siècle après qu’ils y ont été organisés.

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