Ils sont lobbyiste, DTN, DG d’institution sportive, avocat, chasseur de têtes, DG d’association d’élus locaux, directeur des sports de collectivité territoriale, ou expert du sport business, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias.
Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise.
Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Frédéric Besnier, 40 ans, Directeur de l’Association nationale des ligues de sport professionnel (ANLSP – http://www.anlsp.fr).
Frédéric a été de juillet 2013 à mars 2014 conseiller Sport professionnel de la Ministre des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, Mme Valérie Fourneyron. Par ailleurs, il a été rapporteur de la commission «Grandes salles – Arena 2015» présidée par Daniel Costantini en 2010.
Olbia le blog : Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
Frédéric Besnier : Après des études de sciences politiques, j’ai occupé des fonctions de cabinet auprès de la déléguée interministérielle aux droits des femmes et à la mairie de Paris. J’ai également été assistant parlementaire européen. J’ai repris des études avec une formation de Master II en droit du sport au CDES de Limoges afin de donner une nouvelle orientation à mon parcours professionnel. Je souhaitais travailler dans un environnement qui me procure du plaisir et de l’émotion. J’ai ainsi réussi à continuer à mener une action politique sous forme de lobbying dans le domaine du sport en travaillant pour l’Association Nationale des Ligues de Sport Professionnel (ANLSP).
OLB : C’est quoi l’ANLSP ?
FB : L’ANLSP a été créée en mars 2006, à l’initiative des ligues professionnelles françaises de Basketball, de Football, de Handball, de Rugby et de Volley. Cette association réunit des ligues professionnelles étant dotées de la personnalité morale sous la forme associative conformément à la loi du 1er juillet 1901.
Les cinq ligues fondatrices réunissent 158 clubs professionnels. Elles organisent une quinzaine de compétitions représentant 2.700 matchs par saison sportive et rassemblant 15 millions de spectateurs dans les salles et les stades et plus de 165 millions de téléspectateurs en audience annuelle cumulée.
Trois axes principaux ont motivé la création de l’ANLSP et animent son action :
• Permettre au sport professionnel français de se développer et d’être compétitif face aux championnats européens.
• Participer à la gouvernance du sport français et assurer l’unité du mouvement sportif.
• Etre un outil de développement en partageant les bonnes pratiques déployées par chacune des ligues et en mutualisant leurs expériences.
L’ANLSP assure le suivi des réglementations, tant en France qu’à l’échelle européenne, et veille à faire évoluer favorablement l’environnement juridique et économique du secteur professionnel en sauvegardant les fondements du «modèle européen», basé sur la solidarité, la transparence et la formation.
OLB : En quelques mots, quel est votre quotidien ?
FB : Un travail très autonome où je rédige des notes, des propositions de positions que je travaille ensuite de manière collégiale avec l’ensemble des cinq ligues de l’association. Rencontrer des personnes pour échanger les informations et partager nos analyses occupe également une grande partie de mon temps. En effet, le réseau et l’information sont importants car ils permettent de prendre des initiatives et mettre en place des synergies entre les structures concernées par telles ou telles problématiques. J’organise des réunions d’échanges entre les ligues sur les sujets qui font leurs métiers comme l’élaboration des calendriers sportifs, la définition des labels ou des licences, le suivi des joueurs formé localement, les procédures disciplinaires…. Autant de réunion où chacun s’enrichit des innovations de l’autre et retient ce qui peut l’intéresser. Puis il y a des réunions pour arrêter des positions, des stratégies, des argumentaires sur des sujets inscrits à l’agenda politique pouvant avoir un impact direct ou indirect sur le sport professionnel.
OLB : N’est ce pas trop difficile de concilier les positions de tous ces sports professionnels aux enjeux souvent éloignés, sans compter les potentielles positions différentes des fédérations et du CNOSF ?
FB : Non, cela a été une relative surprise de constater que les divergences entre les ligues professionnelles, en dépit de la spécificité de leur discipline et leur différence de développement économique, n’existaient pas. Toutes ces ligues font les mêmes métiers, à savoir organiser des compétitions sportives, valoriser des évènements, vendre des droits sportifs pour assurer le développement et le rayonnement de leur discipline. Il y des enjeux communs et des consensus naturels sur l’ensemble des sujets comme les équipements sportifs, le respect des droits sportifs et des organisateurs de manifestations sportives, l’éthique en matière de paris sportif, le suivi médical des sportifs….
Les institutions sportives (pour leur partie administrative) regroupent des personnes de très grandes qualités professionnelle et humaine, ils ont souvent la passion du sport et ont ce très grand avantage de ne pas se prendre trop au sérieux alors qu’ils travaillent sur des sujets parfois lourd de conséquence juridique ou économique.
OLB : Votre passage en cabinet ministériel auprès de Valérie Fourneyron change t’il votre approche des dossiers et des institutions ?
FB : Cela m’a convaincu plus encore :
– de l’importance des relations humaines qui parfois peuvent débloquer des situations, éviter des crispations inutiles ;
– de la nécessité de surveiller l’évolution des dossiers comme le lait sur le feu, car une prise de décision est faite de grandes lenteurs et de précipitations soudaines aussi incompréhensibles les unes que les autres ;
– de l’obligation d’avoir des contacts dans les cabinets et les administrations, pour être informés au mieux, car l’influence doit se distiller dans ces deux endroits, l’élaboration des mesures est le fruit d’une alchimie complexe entre ces deux entités ;
– qu’enfin le ministère des sports est un ministère qui est un allié du sport avec lequel on est souvent amené à tenir des positions communes vis-à-vis d’autres ministères que ce soit Bercy, le travail ou l’environnement. En effet, le mouvement sportif devrait davantage appuyer le ministère des sports dans le combat féroce des arbitrages interministériels et non chercher à l’affaiblir politiquement dans une stérile guerre de position où le sport sera le seul perdant dans la prise en compte de ses enjeux par l’appareil gouvernemental et le Parlement.
OLB : Si demain vous étiez nommé ministre des sports quelle serait votre première mesure ?
FB : J’ouvrirai le chantier d’une vaste remise à plat des relations entre le mouvement sportif et les collectivités territoriales sur les équipements sportifs. Il faut sortir de la situation actuelle qui ne convient plus à personne, ni aux collectivités qui n’ont plus les moyens d’assumer seules le financement et la maintenance d’équipements sportifs à usage professionnel, ni les clubs professionnels et certaines fédérations qui pour leur développement ont l’impérieuse nécessité de pouvoir mieux maîtriser l’exploitation de leur outil de travail, de l’enceinte qu’ils utilisent, afin de générer des ressources propres. Ceci appelle des évolutions juridiques sur la place des clubs dans la réalisation et l’exploitation des enceintes, des modifications des relations contractuelles entre les collectivités et les clubs professionnels, une simplification des modes de financement et des procédures juridiques relatives aux projets d’enceintes sportives. Les collectivités et les institutions sportives ont besoin de se faire accompagner par des spécialistes pour faire cette «révolution» qui prendra une dizaine d’années mais qu’il faut commencer sans tarder.
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