Un jour aux Jeux avec Nicolas Hénard

Publié le 3 avril 2024 à 10h00 dans Un jour aux Jeux

Nicolas Hénard, double champion olympique de voile, président de la FF Voile (2017-2021), nous raconte son premier titre olympique, dont l’enchainement des régates s’est passé comme dans un rêve…

Quand un équipage gagne sa régate avant la dernière manche…

Début septembre 1988.

La délégation française de voile arrive à Pusan, grosse ville portuaire situé à 350 km au Sud de Séoul. Jean-Yves Le Deroff et moi sommes sélectionnés sur Tornado, majestueux catamaran olympique. En voile, le CIO n’accepte qu’un seul représentant par pays. Notre sélection, parmi des équipages français qui dominent au niveau mondial, a été difficile mais le choix des sélectionneurs a été confirmé par une 2° place aux Championnats du monde auquel nous avons participé en Estonie quelques semaines avant de prendre l’avion vers la Corée du Sud.

Nous connaissons la Corée du Sud et le plan d’eau très exigeant de Pusan. La mer de Chine est réputée pour ses courants très puissants. Les vents sont régulièrement très forts également. Bien entraînés par Jean-Pierre Salou, nous n’avons rien laissé au hasard. La rade de Brest a été un terrain de jeu idéal pour perfectionner la préparation physique, technique et mentale de l’équipage, le bateau a été remarquablement optimisé. Nous sommes confiants !

Les épreuves de voile commencent mi-septembre, quelques jours après l’anniversaire de Jean-Yves, le 15, et le mien, le 16. Nous dominons totalement la flotte dans des conditions dantesques : meilleur départ, meilleure technique, meilleure vitesse, meilleure stratégie… Nous établissons de nouvelles références en franchissant la ligne d’arrivée avec parfois jusqu’à 2’30 d’avance sur le 2°. En gros, nous ne voyons parfois plus le 2°…

Les manches s’enchaînent et notre avance s’accentue à un tel point qu’une simple place dans la 1° moitié de la flotte de l’avant-dernière manche suffit, mathématiquement, à sécuriser la médaille d’or. Cette formalité accomplie, nous pourrons démonter et ranger notre bateau le dernier jour de régates et écouter la philharmonie coréenne répéter le seul hymne national qu’elle jouera assurément : la Marseillaise. C’est rarissime aux Jeux Olympiques… mais quand un équipage gagne sa régate avant la dernière manche, il est élégant qu’il reste à terre et laisse, sans les perturber, les autres équipages se disputer l’argent et le bronze. Jean-Yves s’arrête sur ce sommet. J’en gravirai un second, 4 ans plus tard à Barcelone, avec Yves Loday cette fois.

NDLR : Nicolas Hénard tentera le 19 avril au stade vélodrome de Roubaix le record du monde de l’heure de cyclisme sur piste de la catégorie 60-64 ans !

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LE DEROFF JEAN-YVES

est un véritable défi ; dans sa catégorie d’âge est aussi un challenge incroyable.
Ces 2 sports très différents n’impresionnent pas Nicolas qui aime aller au bout de ses entreprises en gardant l’âme du champion

JP Salou

Nicolas aime se fixer des défis ambitieux et se prépare toujours avec sérieux et méthode pour les atteindre. Une âme de Champion. C’était notre devise durant la préparation des JO: « Si tu choques, t’es un lâche ».

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