Le sport et l’économie de demain

Publié le 8 octobre 2014 à 13h51 dans Economie du sport

Jeremy Rifkin était de passage à Paris il y a quelques jours. L’essayiste américain est un homme influent et mondialement connu pour ses thèses concernant l’émergence prochaine d’une « Troisième Révolution industrielle » autour des nouvelles technologies, de l’économie du partage et des communautés collaboratives.

Ses livres de prospective économique sont des best-sellers internationaux et il est attentivement écouté par de nombreux décideurs politiques, y compris en France (la Région Nord Pas-de-Calais lui a confié la conception de son « Master Plan », qui doit faire entrer son économie dans l’ère des nouvelles énergies).

Quel lien avec le sport ?

Interrogé par le journal Le Monde sur l’économie du futur, Jeremy Rifkin a donné la réponse suivante :

« Dans les quinze prochaines années, l’emploi va commencer à migrer vers le sport, la culture, les arts, la santé, l’assistance aux seniors et aux personnes dépendantes… Ce tiers secteur, qui est une combinaison de marché et de social, existe dans tous les pays : aux Etats-Unis, au Danemark ou en France, il pèse déjà 10% à 15% de l’emploi total, et se trouve en forte croissance. (…) Contrairement à ce que l’on pense, la première ressource de l’économie sociale n’est pas la philanthropie ou les subventions publiques, mais les redevances perçues par les organismes sur les services qu’ils rendent. »

Cette déclaration de Jeremy Rifkin méritait d’être relevée pour quatre raisons :

● elle identifie le sport comme un des principaux gisements d’emplois d’avenir de nos sociétés occidentales ;

● elle ne réduit pas, loin de là même, l’économie du sport à celle du sport professionnel ;

● elle rappelle l’autonomie financière du mouvement sportif. On l’oublie souvent mais en France les trois quarts du financement des associations du secteur sport, loisirs et culture proviennent de ressources propres (26% des cotisations, 40% de recettes d’activités et 9% de commande publique) et seulement 21% des subventions publiques (http://www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/27Juin_financement_public.pdf) ;

● elle souligne enfin le potentiel économique du secteur associatif sportif si celui-ci parvient à développer de nouveaux services autour de ses activités.

Jeremy Rifkin met ainsi en lumière un des enjeux majeurs pour les fédérations sportives et leurs associations dans la décennie qui vient, c’est-à-dire la construction d’un nouveau modèle économique :

● prenant mieux en compte les besoins de tous les pratiquants sportifs (y compris les non licenciés) et des partenaires publics et privés du mouvement sportif ;

● créant de nouveaux services liés à ces besoins ;

● utilisant ces services (rémunérés) pour augmenter et diversifier les ressources du mouvement sportif.

La place centrale des associations sportives dans la vie locale, leur expérience et leur savoir-faire pourraient en effet être exploités au-delà de leurs activités habituelles.

Il y a une attente des pratiquants « libres », qui ne souhaitent pas être licenciés mais qui ont des besoins de conseil et d’accompagnement plus ponctuels, par exemple sur des pratiqués liées au sport-santé.

Il y a également une attente d’acteurs publics (collectivités territoriales) ou privés (entreprises, associations hors sport, etc.) souhaitant organiser des activités, des animations ou des événements avec une dimension sportive et qui sont à la recherche d’un accompagnement et d’une expertise spécifiques.

Pour répondre à ces attentes, des nouveaux services ou partenariats sont à inventer.

Quelques clubs locaux se sont déjà engagés dans cette voie. Des fédérations comme celles d’athlétisme ou de tennis entendent aussi développer cette offre assez inédite pour le mouvement sportif.

Comment généraliser une telle évolution dans les associations ? Celles-ci se sont structurées depuis longtemps autour d’activités exclusivement axées autour de la licence. Il faudra donc beaucoup d’investissement, de formation et de temps pour faire évoluer les mentalités et progressivement doter les associations des compétences et moyens nécessaires pour développer de nouveaux services.

Les fédérations ont un rôle évident à jouer en apportant un accompagnement et des conseils personnalisés à leurs clubs pour chaque étape de ce développement.

Compte tenu de l’importance de l’enjeu pour le sport français, d’autres acteurs nationaux (le CNOSF, l’Etat) auraient tout autant intérêt à offrir leur appui. Dans une époque de disette budgétaire, on cherche aujourd’hui à concentrer les moyens financiers sur les actions ayant le plus grand impact pour le monde sportif. Une politique forte favorisant l’évolution des associations vers un modèle de nouveaux services aux pratiquants, collectivités et acteurs privés entrerait tout à fait dans cette logique.

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