Un jour aux Jeux avec Patrick Vajda

Publié le 21 février 2024 à 10h00 dans Un jour aux Jeux

Pour cette nouvelle série d’articles, nous avons demandé à différentes personnalités du sport (journalistes, athlètes, dirigeants de fédération, anciens ministres, membres de cabinet ministériel, professionnels du sport…) de nous partager une anecdote, une histoire, une émotion qu’ils ont vécue à l’occasion d’une édition des Jeux Olympiques ou des Jeux Paralympiques à laquelle ils ont participé. Ainsi, jusqu’aux Jeux, nous vous en dévoilerons un chaque mercredi matin. Nous poursuivons avec Patrick Vajda, président de l’association des arbitres français l’AFCAM et de la fédération mondiale des arbitres l’IFSO et également Président de XAW SPORTS.

J’ai arbitré la médaille d’or de Thomas Bach

 En 1976, j’ai 29 ans et la fédération internationale d’escrime me sélectionne pour les Jeux Olympiques de Montréal. Ce sont mes premiers jeux et ils auront un impact incroyable sur toute ma vie, tant professionnelle que sportive. 1976 commence bizarrement par un accident. Alors que je suis tireur dans une compétition mondiale, j’ouvre la main de mon adversaire à cause d’une série de lames de fleuret mal forgée. Cet adversaire, pas très bon ce jour-là, s’appelle Thomas Bach, l’actuel président du CIO ! Alors que je suis en train de me qualifier pour le tour suivant, et que le service médical est débordé par une série d’accident ayant la même cause, je décide d’emmener moi-même mon adversaire à l’hôpital…. Quand je reviens, je suis éliminé du tournoi pour non-présence à l’appel de mon nom et je continue le tournoi en qualité d’arbitre car je suis déjà arbitre international. J’arbitrerais la finale, cette année-là, du challenge Adrien Rommel, porte ouverte vers ma sélection olympique.

29 ans au JO c’est assez rare, surtout en escrime, et je suis vraisemblablement le plus jeune sélectionné par la fédération internationale. Première compétition à arbitrer : le pentathlon moderne et son épreuve d’épée. Premier scandale, l’épée truquée de Boris Onishchenko, et ma photo fait le tour du monde en compagnie du pentathlète, beau baptême pour un jeune arbitre international spécialiste du fleuret et qui arbitre de l’épée fort rarement.

Patrick Vajda contrôlant la fameuse épée truquée de Boris Onishchenko.

Je suis persuadé que j’arbitrerai relativement peu car les Français sont forts et devraient atteindre le plus haut niveau des différentes compétitions. Je me trompe lourdement car je ferai trois finales olympiques, dont les deux du sabre.

Alors que les Français sont en demi-finale du fleuret par équipe, je me dis que ma journée d’arbitre est finie et, à la surprise générale, les Français perdent (ils seront médaille de bronze en battant l’Union Soviétique 9/4) et les deux capitaines emblématiques des équipes finalistes –Allemagne et Italie-se mettent d’accord sur mon nom, afin d’arbitrer 8 des 16 matches de la finale.

La finale sera longue et compliquée pour les arbitres car les deux types d’escrime se contrariaient. On pouvait s’attendre à une victoire facile des Italiens galvanisés par leur titre olympique individuel (Fabio Dal Zotto) et ce furent les jeunes allemands qui l’emportèrent (9/6) avec… un Thomas Bach survolté (3 victoires sur 4 matchs).

L’équipe d’Allemagne de Fleuret championne Olympique en 1976 à Montréal, avec l’actuel président du CIO, le 2° en partant de la gauche.

Ce fut ma première finale olympique dans mon arme de prédilection ; ce furent mes premiers jeux olympiques et comme on dit au Québec, je suis tombé «en amour» avec les jeux. Cette passion m’a conduit à arbitrer d’autres JO et à être le patron des arbitres d’escrime à Séoul en 1988…. Clape de fin ? Et bien non, je reprends du service lors des JO d’hiver d’Albertville en 1992…. Pas en escrime, bien sûr, mais dans le domaine du risque et des assurances, mon métier et ma seconde passion. C’est Montréal qui m’a fait réfléchir aux difficultés d’organisation d’un tel événement survenant 4 ans après Munich, c’est Montréal qui m’a donné le goût de ce qui est aujourd’hui le «risk management» mais qui à l’époque n’était qu’une addition de polices d’assurances. C’est aussi Montréal qui m’a fait comprendre le rôle fondamental de l’arbitrage sportif: no ref, no sport ! 

Aucun commentaire

Louis Gillet

J’ai côtoyé Patrick à l’occasion de 4 JO ,ça a toujours été un grand plaisir .J’etais arbitre de Hockey sur gazon dont j’ai arbitré finale et 1/2 finales .Que de formidables souvenirs .j’ai suivis depuis son parcours à l’AFCAM.

Johany Maden

Je ne peux que féliciter le personnage
Fort sympathique
Qui œuvre pour la propreté du sport
Et le respect des sportifs

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