Le guide (presque) pessimiste du sport 2018 #9

Publié le 30 janvier 2018 à 17h59 dans Guide (presque) pessimiste du sport 2018

Vous connaissez peut-être le Guide pessimiste 2018 de Bloombergses auteurs ne font pas des prédictions, mais déroulent un scénario de politique-fiction de ce qui nous attendrait cette année si les choses tournaient mal. Nous avons récupéré le concept et pour faire le Guide (presque) pessimiste du sport 2018 Pour ce faire, nous avons demandé à plusieurs personnalités (chef d’entreprise, journaliste, parlementaire, professeur d’université…) de s’y essayer. Notre guide est « presque » pessimiste, car nous leur avons demandé d’imaginer une issue pas si pessimiste…

Nous poursuivons ce guide avec Michel Savin, sénateur de l’Isère (LR), président du groupe d’études sénatorial sur les pratiques sportives et les grands évènements sportifs.

Une décision de Bruxelles provoque la création de ligues fermées !

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Le 8 décembre 2017, la Commission européenne a remis en question le monopole des fédérations en termes de compétitions sportives. Suite à une levée partielle de boucliers, de nombreux recours sont effectués à travers l’Europe.

Mais rien n’y fait. Après 2 années de procédures, la démarche de la Commission européenne est validée. Qui plus est, afin de l’inscrire dans un cadre règlementaire clair, les instances de Bruxelles décident de prendre un règlement précis supprimant tout monopole concernant l’organisation des compétitions sportives. Le risque de déstructuration complète du monde du sport est ouvert pour 2020.

Les années 2019 et 2020 sont rudes pour le sport français et européen, professionnel comme amateur. Les financements connaissent une baisse continue, les bénévoles manquent de plus en plus dans les clubs et nombreux sont ceux qui finissent par fermer, faute de soutien politique et humain.

Le sport professionnel est le plus durement touché : les stades se vident progressivement, le niveau des compétitions nationales est en baisse permanente et les supporters sont de plus en plus désabusés. Les circuits de formations sont déclinants et les manques de moyens ne permettent plus d’assurer aux championnats de bons joueurs. La spirale est enclenchée, le sport professionnel est en danger.

C’est donc dans un contexte de grande inquiétude dans le milieu sportif que la commission fait le choix de supprimer officiellement le monopole des compétitions.

L’Euroleague, elle, se réjouit, son modèle va enfin connaitre la gloire et être accepté de tous, étant un précurseur. Les acteurs traditionnels, quant à eux, sont très inquiets : que va devenir l’UEFA Champions League ? La ligue des champions de l’EHF ? La Super League de rugby ?

Le choix est fait de créer des ligues européennes fermées. Le sport professionnel s’organise en parallèle des organisations traditionnelles fédérales vieillissantes. Mais les premiers mois sont là encore difficiles : les prix flambent, les spectateurs et les supporters reviennent difficilement dans les stades et l’ensemble des modèles de compétitions est à réinventer.

Ces super ligues devraient toutefois permettre à terme d’assurer un niveau très élevé de compétition et les financements qui leurs sont promis ont atteints des sommes encore jamais atteintes.

En France, le modèle retenu est finalement assez simple : les équipes évoluant en championnat national ont pour ambition de maintenir un bon niveau de leur championnat à l’échelle nationale, et développer leur rôle de formation des jeunes joueurs, afin que les meilleurs puissent rejoindre ensuite une des franchises évoluant au niveau européen, et ainsi représenter au mieux la France. Les financements et la confiance reviennent progressivement, mais le niveau du championnat reste très faible. L’ensemble des moyens sont mis sur les ligues fermées, les bénévoles manquent toujours dans les petites structures, et les moyens de formations sont exclusivement dédiés aux joueurs soucieux d’intégrer la compétition fermée.

Au sein de la ligue fermée après 4 années de fonctionnement, les modèles économiques deviennent plus rentables que jamais, les financements affluent, les niveaux de jeu se rehaussent, et les spectateurs et les téléspectateurs se réjouissent d’assister à de nouvelles compétitions spectaculaires et des prestations de service très larges, issu des mannes financières arrivant.

Le rugby a quant à lui fait un choix différent avec une super ligue fermée non pas européenne, mais mondiale : 14 clubs, issus de tous les continents, évoluent ensemble, dans le cadre d’une saison allongée, qui permet aux meilleurs joueurs du monde de se faire face en dehors de la coupe du monde, et surtout d’attirer un public jamais atteint dans les stades, venant admirer les équipes Européennes et de l’hémisphère sud.

Alors que les Jeux olympiques sont de retour en Europe à Paris en 2024, le modèle est alors lui aussi questionné face à ces super ligues très rentables et attrayantes. Pourquoi ne pas créer un modèle identique pour les Jeux ?

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