Grands stades, Arénas : un énième rapport ?

Publié le 13 novembre 2013 à 10h55 dans Equipements

En pleine affaire de la taxe à 75 %, il est amusant de lire, page 8 du rapport sénatorial Grands stades et arénas : pour un financement public les yeux ouverts (http://www.senat.fr/rap/r13-086/r13-086_mono.html#toc0 , publié le 6 novembre dernier) : « l’avenir devrait être à la responsabilisation progressive des clubs. Il conviendra donc d’ouvrir des pistes afin de les y aider ». Ça commence bien avec cette taxe impactant les salaires au-delà d’un million d’euros par an !

Il ne faut bien évidemment pas réduire ce rapport à ce simple passage. Il est légitime, toutefois, de s’interroger sur son opportunité après les nombreux rapports sur le sujet : Seguin, Besson, Costantini, Depierre…

Les auteurs, Jean-Marc Todeschini et Dominique Bailly, deux sénateurs socialistes, ont rédigé un document clair et pragmatique. Leur volonté est rapidement affichée : que chacun (Etat, Collectivités territoriales, clubs, ligues, fédérations) assume ses responsabilités. Cela peut sembler évident et simpliste mais rien ne l’est dans ce domaine. Ca a donc le mérite d’être dit et explicité.

Combien de stades ou d’arénas construits et inutilisés, mal utilisés ou mal calibrés ? Combien d’arénas dont le projet n’aboutit pas tout en ayant engloutit des millions d’euros d’étude ou de frais d’avocat face aux recours des opposants organisés ? Combien de stades de football construits avec un club résident qui dépose le bilan quelques années après, au grand malheur des finances publiques locales ?

Et tout cela, faute d’un calibrage pertinent au départ, à cause de pressions politiques ou de normes fluctuantes édictées par le monde sportif, de décisions prises sur un coin de la table du conseil des ministres…

Car, oui, tout le monde est fautif. Le maire, qui veut voir sa ville briller sur la scène nationale voire internationale sans permettre au club de devenir gestionnaire de « son » stade. Le président du club qui veut un stade de 25000 places alors qu’il joue en Ligue depuis 1 an et qui ne veut pas mettre un centime dans la rénovation du stade. Les instances sportives nationales ou internationales qui exigent que les équipes jouent dans des stades toujours plus grands et toujours plus beaux et qui refusent d’envisager d’instaurer des amortisseurs pour aller vers une ligue semi-fermée qui rassurerait les investisseurs publics et privés et rentabiliserait le modèle. Le public, également, contribuable le jour et spectateur la nuit, schizophrène, qui veut un stade neuf, avec des sièges confortables, mais qui refuse de payer le juste prix pour cela et qui râle à chaque hausse des impôts.

Oui, tout le monde est fautif. Et ce rapport le démontre. Engager un cycle vertueux est possible et les préconisations formulées (pages 5 et 6 du rapport) peuvent y contribuer, l’intervention de la Région comme conseiller semblant être la moins bonne d’entre elles.

Aujourd’hui, il est temps que le sport professionnel français ose, fasse son Bad Godesberg et instaure des ligues, au minimum, semi-fermées et que les clubs, au minimum, deviennent gestionnaires de leur outil de travail, les enceintes sportives.

La pause de la première pierre du Stade des Lumières de l’Olympique Lyonnais hier apporte un vent d’optimisme. Toutefois, que ce fut dur pour en arriver là, et ce n’est probablement pas terminé…

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