La ville de Munich ne candidatera pas aux Jeux olympiques d’hiver de 2022. Le 10 novembre, les habitants de Garmisch-Partenkirchen et Traunstein (deux des sites de compétition prévus) ont voté majoritairement contre l’hypothèse d’une candidature bavaroise.
Munich est la deuxième ville européenne à sortir de la course aux JO 2022 à la suite d’un référendum local. La candidature suisse de Davos / St-Moritz avait subi la même déconvenue en mars dernier.
A l’inverse, la population d’Oslo a approuvé le 9 septembre le principe d’une candidature de la capitale norvégienne en tandem avec Lillehammer.
Vu de France, ces votes pour approuver ou non la candidature à un événement sportif peuvent paraître d’un exotisme sans grand intérêt, l’expression de traditions politiques locales (fédéralisme allemand, démocratie directe suisse, social-démocratie scandinave) bien éloignées de nos pratiques hexagonales.
Les votes allemand et suisse devraient pourtant nous ouvrir les yeux sur des problématiques qui ne cessent de gagner en importance, y compris en France.
- Les grands projets sportifs et leurs bénéfices supposés sont de moins en moins acceptés comme des évidences par les populations concernées.
- Des enjeux comme la maîtrise des dépenses publiques ou la défense de l’environnement influencent de plus en plus les citoyens dans leur évaluation de ces projets.
- Les opposants à ces projets se sont considérablement « professionnalisés ». Ils sont souvent organisés avec efficacité et intègrent des expertises pointues. Ce ne sont pas des hurluberlus ou des beatniks descendus du Larzac – ce que les porteurs de projets ont parfois du mal à comprendre.
Ces nouveaux rapports de force mériteraient donc d’être mieux pris en compte en France, surtout quand on voit l’intensité de l’opposition à des projets tels que le stade de Lyon, l’extension de Roland-Garros ou l’Arena d’Orléans.
Le vote local peut-il être une solution pour faire face à ces résistances survitaminées ? Nous pensons que oui.
- Aucun grand projet sportif n’échappe aujourd’hui aux interrogations et aux polémiques. Puisque le débat aura de toute manière lieu, pourquoi ne pas l’anticiper et l’encadrer autant que possible en prenant l’initiative d’une consultation populaire ?
- Cette consultation et le débat qui la précédera permettraient de réellement tester le projet en question (bien davantage qu’avec une concertation classique) et d’y apporter si nécessaire des corrections. Nos énarques, ingénieurs et autres préfets n’étant pas infaillibles, un examen rigoureux par des associations, collectifs de citoyens ou journalistes amènera toujours des éclairages utiles sur la viabilité d’un projet.
- Mieux vaut clarifier le plus rapidement possible la réalité du soutien de la population locale à un projet plutôt que de s’enliser pendant de longues années dans une confrontation préjudiciable à tous.
- Enfin, des votes locaux donneraient au sport une plus grande légitimité politique. Le monde du sport se plaint d’être marginalisé dans le débat public. Voilà une occasion de prendre la lumière !
Bien sûr, les exemples de Munich et Davos / St-Moritz soulignent le risque d’un référendum : les gens peuvent voter contre le projet en question !
Et alors ? a-t-on envie de répondre. Les grands projets sportifs sont par nature des entreprises risquées (financièrement, politiquement, juridiquement…). On ne voit pas non plus en quoi ils devraient se soustraire aux règles de la démocratie. Surtout, si les citoyens d’une ville, après un débat bien organisé, refusent une candidature aux JO, cela signifie que quelque chose clochait sérieusement dans le projet proposé. Ce serait donc une bonne nouvelle, y compris pour le sport !
Quand on prend le cas de Stockholm 2022 c’est à se demander si les dirigeants n’ont pas aussi parfois peur des envies sportives du peuple qui les a pourtant élus… Encore plus triste, non ?