Olbia poursuit son cycle d’entretiens des présidentes et présidents de fédération nouvellement élus afin de les découvrir et leur permettre de partager leur vision et leurs défis pour leur mandat.
Aujourd’hui nous échangeons avec Rémy Delhomme, Président de la Fédération française d’escrime.

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours jusqu’à ce mandat 2025-2028 ?
J’ai découvert l’escrime assez tôt, à 6 ans, avec des membres de ma famille. Je me suis spécialisé dans l’épée, et j’ai évolué au plus haut niveau dans les années 1990, jusqu’à gagner des tournois de coupe du monde en individuel, de remporter le championnat d’Europe individuel et le championnat du monde par équipe en 1999. Parallèlement à ma carrière sportive, j’ai suivi une carrière professionnelle en tant qu’ingénieur dans le secteur du nucléaire chez EDF. Grâce à un Contrat d’insertion professionnelle proposé par mon employeur, j’ai pu combiner mes engagements sportifs de haut-niveau avec mes responsabilités professionnelles. A ma retraite sportive, je me suis engagé à plein temps dans le management chez EDF, tout en enseignant l’épée en club à de futurs champions : j’ai ainsi eu le plaisir d’accompagner pendant 20 ans Auriane Mallo-Breton jusqu’à ses deux médailles d’argent remportées aux JO de Paris. Avant de me présenter à la présidence de la fédération, j’étais déjà impliqué dans l’univers fédéral : je faisais en effet partie de la liste portée par Isabelle Lamour, ancienne présidente, en 2020.
Pourquoi avoir décidé de monter une liste pour cette élection ?
Durant le mandat précédent, j’étais membre du comité directeur au sein du groupe d’opposition. Le mandat a été assez chahuté du point de vue de la gouvernance, et il est vite apparu que nous devions proposer un changement significatif. Notre groupe d’opposition s’est donc mobilisé pour proposer une alternance, et nous avons officialisé notre candidature en février 2024.
Comment s’est passée la campagne ?
La campagne a démarré discrètement. Nous étions deux listes candidates en lice, et toutes deux sommes restées relativement discrètes jusqu’à la fin des Jeux, conscientes que l’objectif commun était le succès de cet événement majeur pour l’escrime française. Notre sport n’avait pas besoin de perturbations supplémentaires durant une période aussi cruciale. Une fois les Jeux terminés, la campagne s’est véritablement lancée et s’est intensifiée rapidement, se déroulant sur un mois très intense, jusqu’à notre élection en octobre.
Par quoi avez-vous commencé en débutant votre mandat ?
Dès les premiers jours, nous avons dû nous mettre immédiatement en mode « task force ». Le rythme a été particulièrement soutenu, avec l’organisation rapprochées de réunions du bureau et la mise en place des commissions nécessaires à notre gouvernance. Nous avons priorisé le traitement rapide des questions de ressources humaines et des enjeux budgétaires, des domaines où des actions immédiates étaient nécessaires. Parallèlement, nous avons dû nous concentrer sur l’organisation du Challenge international de Paris à Coubertin qui s’est tenu en janvier. Ces premières semaines ont été intenses, mais je suis convaincu que ces efforts initiaux sont essentiels pour poser les bases solides de notre future action.
Si vous deviez définir 3 priorités sur ce mandat, quelles seraient-elles ?
Après une période particulièrement turbulente, ma première priorité est de restaurer la stabilité, l’unité et la confiance au sein de nos équipes nationales. Il est essentiel de renforcer la cohésion et de rétablir un environnement propice à la performance et au bien-être de nos athlètes, en soutenant également le staff fédéral qui lui aussi a été particulièrement exposé et chahuté.
Une deuxième priorité est de réformer la formation des maîtres d’armes : nous devons effectuer un travail de fond pour rétablir une pyramide des âges équilibrée parmi les maîtres d’armes, féminiser davantage la profession, et élaborer de nouveaux modèles économiques qui répondent mieux aux besoins des clubs et ceux des maîtres d’armes. Cela inclut par exemple la régionalisation de la formation pour la rendre plus accessible, ainsi que la digitalisation pour moderniser l’enseignement et faciliter l’accès aux contenus pédagogiques.
Une troisième priorité sera d’élargir l’offre de pratique loisir : il est crucial de répondre à la demande croissante pour la pratique loisir de l’escrime, qui est actuellement trop orientée vers la compétition. Nous envisageons par exemple d’introduire des systèmes de grades pour les adolescents et les adultes, pour valider la progression des pratiquants et enrichir leur expérience, encourageant ainsi une pratique plus diversifiée.
Allez-vous conserver une activité professionnelle en parallèle de votre mandat ?
J’ai la chance de bénéficier du dispositif de mécénat de compétence que propose EDF, mon employeur. Ce programme me permet de me consacrer pleinement à ma mission de président de la Fédération française d’escrime. A travers ce dispositif, EDF me soutient dans cet engagement en me libérant de mes fonctions habituelles pour que je puisse allouer tout mon temps et toute mon énergie à la fédération.
Quelles sont vos sources d’inspiration en dehors de votre sport ?
En dehors de l’escrime, je trouve une grande inspiration dans les romans initiatiques. Ces œuvres m’ont aidé à voir la pratique de l’escrime non seulement comme un sport, mais aussi comme un vecteur de développement personnel. L’escrime, à mon sens, doit aider ses pratiquants à s’adapter rapidement dans un monde en constante évolution, à maintenir leur sang-froid dans des situations difficiles, et à accepter leurs erreurs comme des opportunités d’apprentissage. Par ailleurs, des collègues chez EDF, telles qu’Emmanuelle Assmann et Marie-Amélie Le Fur, qui sont des figures éminentes du sport français, représentent une source considérable d’inspiration pour moi. Leurs deux parcours illustrent la façon dont le dépassement personnel, au travers du sport, peut conduire à des réussites exceptionnelles, et c’est un honneur pour moi de les avoir côtoyées très régulièrement.
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