En ce début d’année, Olbia poursuit son cycle d’entretien avec les présidents de fédération nouvellement élus afin de les découvrir et leur permettre de partager leur vision et leurs défis pour leur mandat. Aujourd’hui, nous échangeons avec Jean-Pierre Hunckler, élu en décembre dernier à la tête de la Fédération Française de BasketBall.

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours jusqu’à ce mandat 2025-2028 ?
J’ai 65 ans et je suis originaire d’un village proche de Roanne, dans la Loire. J’ai commencé ma carrière à la SNCF avant de me lancer dans le monde entrepreneurial, développant une société d’importation de matériel italien. Parallèlement, j’ai été joueur puis arbitre de basketball, jusqu’en première division. Malheureusement, mon agenda devenait de plus en plus compliqué avec mes impératifs professionnels, j’ai donc arrêté d’arbitrer en 1996. Peu de temps après, Yvan Mainini, alors président de la FFBB, est venu me chercher pour m’inciter à m’engager bénévolement auprès de lui et à me présenter à la Ligue du Lyonnais dont j’ai été président durant deux mandats, de 2000 à 2008. En parallèle, dès 2000, je suis entré au comité directeur de la FFBB et au bureau fédéral aux côtés d’Yvan Mainini. A partir de là, je n’ai jamais quitté la fédération, jusqu’à devenir le bras droit de Jean-Pierre Siutat dont j’étais le premier vice-président.
Pourquoi avez-vous décidé de monter une liste pour cette élection ?
Ma candidature s’inscrivait dans une démarche de continuité de l’engagement que j’ai toujours eu au sein de la fédération. Depuis 2020, Jean-Pierre Siutat savait qu’il ne se représenterait pas et souhaitait que je puisse prendre la relève. C’était une opportunité de poursuivre le travail entamé et de contribuer à l’évolution de notre fédération avec une équipe renouvelée et dynamique. Une suite logique dans mon esprit. J’étais prêt.
Comment s’est passée la campagne ?
La campagne n’a pas été si simple en raison des réformes du mode d’élection. Comme pour la plupart des autres fédérations, l’introduction du vote direct des clubs a changé la dynamique habituelle des élections qui étaient basées sur les votes de grands électeurs. Certes, j’étais le seul candidat mais la campagne n’était pas simple pour autant. Il a fallu s’assurer de l’adhésion des clubs à notre projet et respecter la nouvelle exigence de parité et la représentativité des différents corps (athlètes, arbitres, entraîneurs) dans le processus électoral. En somme, ça a été une campagne inédite, intense et particulièrement engagée.
En arrivant à la tête de la fédération, qu’est-ce qui vous a le plus surpris ? En bien, en moins bien ?
Je passe beaucoup de temps à la fédération depuis des années donc il n’y a pas particulièrement de surprises de mon côté. Je connaissais de près les projets, les hommes et femmes impliquées. En revanche, je ne m’attendais pas à tant de sollicitations politiques. Le statut de président implique un rôle de représentation important et finalement c’est probablement là la plus grosse difficulté : arriver à gérer son agenda au milieu de toutes ces sollicitations. J’aimerais parfois préserver un créneau dans une journée pour réfléchir à des nouveaux projets, travailler sur le fond, mais si je ne bloque pas des temps dans mon agenda, il se remplit très vite !
Vous étiez-vous préparé à gouverner ?
Au-delà de mon engagement de longue date à la fédération et à mes échanges avec les précédents présidents, mon expérience professionnelle elle-même m’avait préparé à de telles fonctions. J’ai en quelque sorte “gouverné” 25 ans au sein de mon entreprise. J’y ai appris à décider, à m’adapter, à convaincre…
Par quoi avez-vous commencé en débutant votre mandat ?
Ma première action a été de rencontrer les principaux acteurs internationaux et nationaux pour me présenter et expliquer notre projet. Je suis donc allé voir la FIBA mais également la LNB la semaine qui a suivi mon élection. Je suis aussi directement allé sur le terrain, dans les clubs, car c’est un axe central de mon mandat : créer plus de proximité avec nos clubs.
Justement, si vous deviez définir 3 priorités sur ce mandat, quelles seraient-elles ?
La première est la haute performance. Nous devons poursuivre les processus de détection et de formation de nos jeunes talents pour maintenir la France au plus haut niveau international.
La deuxième priorité est de répondre à un constat simple : ces dix dernières années, nous avons considérablement augmenté le nombre de licenciés mais dans le même temps beaucoup de clubs ont disparu. Nos clubs se trouvent donc aujourd’hui saturés et souffrent du manque de créneaux disponibles dans les installations. Or, nous avons développé de nombreux terrains en extérieur. Je souhaite que l’on développe ce que j’appelle des “clubs satellites” pour former des cadres et animer tous ces terrains de proximité. Nous avons un programme complet pour accompagner cette nécessaire évolution qui passe notamment par de la formation et de la souplesse dans notre approche pour répondre aux évolutions du marché et de tous les formes de pratique.
Enfin, la troisième priorité est de renforcer et faire perdurer le rôle du basketball en termes d’intégration sociale et professionnelle. Il s’agit de proposer, notamment à travers un travail avec les entreprises, des programmes qui facilitent l’accès au sport pour tous, y compris les publics éloignés du sport et qui utilisent le sport comme outil d’insertion. Dans cette volonté, j’aimerais mettre l’accent sur la pratique féminine, celle des plus jeunes et des personnes en situation de handicap.
Quel bilan souhaiteriez-vous pouvoir tirer après un an de mandat ?
Pour commencer, je souhaite que nous puissions améliorer nos process de travail collaboratif et, à travers nos séminaires, travailler ensemble sur les objectifs que nous nous sommes fixés sur ce mandat. Nous avons des séminaires de zones en mars puis un séminaire national en avril pour bâtir les premières étapes qui doivent nous amener à lancer nos premiers dossiers prioritaires pour la rentrée prochaine. Je souhaite donc que d’ici septembre prochain nous ayons une vision claire sur deux sujets : les critères d’attribution des PSF (Projet Sportif Fédéral) et les conditions de mise en œuvre des clubs satellites. Dans un an, en février-mars 2026, nous aurons également un grand séminaire réunissant les présidents de comités, de ligues et le comité directeur de la FFBB. Ce sera un moment clé de la première phase du mandat.
Quelles sont vos sources d’inspiration en dehors de votre sport ?
Je m’inspire d’autres sports bien sûr, c’est toujours intéressant de voir comment d’autres grandes fédérations gèrent des défis qui sont similaires aux nôtres, notamment d’un point de vue des infrastructures ou leurs enjeux événementiels ou commerciaux. Pour la FFBB, s’inspirer du travail fait outre-Atlantique est également essentiel pour comprendre les grandes tendances. Au-delà du monde du sport, je m’attache aussi à rester à l’écoute du monde politique et économique pour comprendre leur réalité de terrain, adapter notre stratégie de développement, et défendre nos propres enjeux auprès des grands décideurs.
Allez-vous conserver une activité professionnelle en parallèle de votre mandat ?
Non, je pense que cela n’est pas compatible de s’engager sur tous les fronts. Je me consacre entièrement à mon rôle de président pour répondre aux nombreux défis et m’assurer que nous atteignions nos objectifs. Il ne me semble pas raisonnable de diriger une telle fédération avec 170 salariés et une équipe d’élus engagés et de ne pas m’y impliquer pleinement au quotidien.
crédit photo : Bellenger / is / FFBB
Laisser un commentaire