La compétitivité du foot, pourquoi et comment

Publié le 26 novembre 2014 à 9h55 dans Economie du sport

Retrouvez la tribune intitulée « La compétitivité du foot, pourquoi et comment » publié par Olbia dans le quotidien l’Opinion du 26 novembre ici : http://www.lopinion.fr/26-novembre-2014/competitivite-foot-pourquoi-comment-18781 et agrémentée de lien et de tableaux ci-dessous :

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L’Union des clubs professionnels de football (UCPF) a publié le 20 novembre un petit document intitulé « Le décrochage » (http://s.ucpf.fr/ucpf/file/201411/UCPF_-_Le_decrochage_-_Nov.2014.pdf). Il constitue une intelligente introduction pour mieux comprendre les enjeux de ces entreprises françaises confrontées à une concurrence internationale particulièrement féroce.

– L’UCPF offre une photo saisissante de la perte de compétitivité de nos clubs. Ceux-ci souffrent à la fois de lourdes charges sociales et fiscales et du développement insuffisant de nouveaux revenus (billetterie, droits TV, sponsoring…). Les recettes de billetterie du club londonien d’Arsenal représentent à elles seules 78% de celles des 20 équipes de la Ligue 1 française !

La faute à qui ? Les pouvoirs publics, qui imposent et réglementent à tout-va (la loi Evin n’existe pas ailleurs). Le football lui-même aussi, qui ne sait pas toujours investir dans la durée.

– Quelle importance après tout ? Le football français, ce n’est qu’une quarantaine de PME dépassant rarement les 100 M€ de budget. Le Financial Times de ce week-end rappelait que le Real Madrid, le club le plus riche du monde, n’entrerait même pas dans le top 100 des entreprises finlandaises.

Les atouts économiques des clubs sont ailleurs. Ce sont des actifs immatériels de grande valeur qui incarnent et portent l’attractivité de leur territoire. Regardez Munich, Londres ou Barcelone qui depuis longtemps s’en servent comme outils de développement et de marketing. Le football participe aussi à la croissance d’autres acteurs, comme les groupes de médias. A l’heure de la consommation différée, l’événement sportif est en effet devenu crucial (Canal + peut vivre sans cinéma français, mais pas sans championnat de football).

– Le football mérite-t-il pour autant un soutien public ? Le débat se veut moral en France (ah, ces jeunes joueurs qui gagnent trop bien leur vie…). Il mériterait d’être recentré sur les besoins économiques d’entreprises relevant le défi international.

D’autres secteurs ont obtenu des mesures ciblées dans des situations comparables. On pense aux crédits d’impôts pour les tournages de films – une mesure copiée-collée sur nos concurrents et bénéficiant à une activité à forte visibilité internationale. Pourquoi pas le football ? Nos voisins, Allemagne et Royaume-Uni compris, n’hésitent pas eux : les charges sociales de leurs clubs sont 4 à 60 fois inférieures aux nôtres !

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Graphique tiré du document « Le décrochage » – UCPF

– La question des stades est certainement la plus complexe. Bien conçus, ils apportent des sources de revenus décisives. C’est une des raisons pour lesquelles la France investit plus de 1,6 Md€ dans les 10 stades de l’Euro 2016. Mais, à l’exception de l’Olympique lyonnais, les clubs ne sont pas propriétaires de leur enceinte et doivent cohabiter avec un exploitant privé – ce qui pèse sur les recettes et charges.

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Graphique tiré du document « Le décrochage » – UCPF

Cette situation affecte leur compétitivité. Elle risque aussi de dissuader la construction de futurs stades. Est-il possible d’inventer un modèle plus équilibré ? Avec des clubs prenant plus de risques, des collectivités les accompagnant davantage vers l’autonomie économique et des exploitants favorisant une meilleure implication des clubs. Cette réflexion autour d’un partenariat renouvelé pourrait aussi s’appuyer sur des sujets d’intérêt commun (une révision de la loi Evin ?). Elle constituerait en tout cas un investissement payant pour tous les acteurs concernés.

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Olbia-Le Blog

Hum… La vision de politiques-sportives-blogsport.fr a un peu de retard. Totalement valide en 1994. Beaucoup moins en 2014. Les clubs français, y compris Toulouse, Bastia ou d’autres, sont bien en concurrence économique avec des clubs étrangers pour recruter des joueurs ou entraîneurs français ou étrangers – que ces clubs français jouent la coupe d’Europe ou non. Bastia et Newcastle peuvent batailler pour attirer un même joueur même s’ils ne jouent pas le même championnat. Pouvoir recruter ou non un bon joueur croate ou letton influe ensuite sur la compétitivité sportive du club dans ses compétitions nationales. Cette concurrence économique européenne est aussi valable en partie pour des sponsors internationaux, du naming, voire des droits TV.

Thomas

100% d’accord avec Olbia le Blog ! Le meilleur exemple est Krivets qui a préféré Metz sans Coupe d’Europe au BATE Borisov qui jouait la LDC ! Metz était donc en concurrence avec un club étranger européen ! CQFD !

Adamkiewicz

Le système est trop dépendant des droits TV , et l’absence de vision stratégique de certains présidents , majoritairement des business men..(!!) plombent le secteur. Et encore n’oublions pas que les collectivités assument la majorité des coûts de fonctionnement des installations (Auxerre, Ajaccio et le PSG étant des exceptions). Se plaindre du montant des charges pour justifier la faible compétitivité du foot est certes très tendance, mais il faudrait aussi demander que les clubs transforment les stades en centres de profits… Et assument les risques, remember Le Mans…
Mais les collectivités doivent laisser les clubs faire et ne pas être les porteurs de garanties financières…. C’est pas encore pour demain.

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