
Avec une croissance phénoménale de 34% de pistes supplémentaires par an depuis 2023, le padel s’impose comme la nouvelle tendance sportive du moment, et semble bien parti pour s’inscrire dans la durée. Pour mieux comprendre l’ampleur du phénomène et les solutions émergentes, Olbia est allé à la rencontre de Kévin Fournier, fondateur de Yes Yes Padel.
Bonjour Kévin, tu es le fondateur de Yes Yes Padel, peux-tu nous présenter la solution et la mission que vous vous êtes fixée ?
Je viens d’un village de 1 600 habitants dans le Lot, et chez nous, pour jouer au padel, c’est 1 heure de route minimum. Ce constat personnel est un constat qui concerne de nombreux territoires.
Notre mission est de rendre ce sport accessible à tous, aussi bien géographiquement que financièrement via des clubs de padel hybrides public-privé et 100% autonomes.
Yes Yes Padel finance 100% des installations en contrepartie de la mise à disposition d’un terrain communal. Nous exploitons les pistes pendant la durée du bail et à la fin les installations deviennent publiques.
Dans le même temps, nous offrons des dizaines d’heures de pratique gratuites chaque semaine au club de tennis local et à la collectivité au profit de ses activités scolaires.
Dans un marché en plein essor et avec des solutions qui se démultiplient, comment votre modèle arrive à se distinguer des autres acteurs du padel en France ?
Yes Yes Padel se distingue par son approche collaborative et son modèle gagnant-gagnant. Le projet est pensé pour travailler main dans la main avec les acteurs locaux, communes et clubs de tennis, et créer de la valeur pour toutes les parties prenantes : les habitants bénéficient de tarifs préférentiels et d’infrastructures de proximité, les clubs développent une nouvelle offre sans investissement, les communes dynamisent leur territoire sans grever leur budget, et Yes Yes Padel assure la viabilité économique du projet.
Ce positionnement hybride répond à une réalité de marché aujourd’hui fragmentée en deux :
- D’une part, des clubs 100 % privés, majoritairement dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants, composés de 6 à 10 pistes avec bar et restaurant.
- D’autre part, des clubs de tennis qui, pour développer la pratique du padel, installent des pistes financées par la collectivité.
80 % des pistes construites ces deux dernières années sont dans le privé, et le développement du padel dans les clubs de tennis reste très faible en raison de la tension des finances publiques.
Yes Yes Padel propose une troisième voie : une solution hybride et autonome qui conjugue accessibilité tarifaire (tarifs préférentiels pour les habitants et le club de tennis), impact social (créneaux gratuits pour le scolaire), et dynamique locale (animation gérée par le club de tennis).
Tu évoques l’approche hybride public-privé sur laquelle repose votre modèle, mais concrètement, quel est l’intérêt pour une collectivité de collaborer avec Yes Yes Padel ?
Aujourd’hui, les collectivités intéressées par la mise en place d’une offre de padel sont confrontées à plusieurs problèmes, auxquels nous apportons une réponse.
- Le coût des infrastructures, pouvant s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros : Yes Yes Padel prend en charge cet investissement initial ainsi que les coûts de maintenance
- La complexité de gestion des créneaux entre les différents publics : Yes Yes Padel met en place un outil de réservation et de gestion des créneaux, permettant notamment d’avoir des heures réservées pour les écoles ou les associations locales
- Le risque concurrentiel avec les clubs locaux : le travail de Yes Yes Padel se fait en collaboration avec les clubs de tennis locaux et leur permet ainsi d’enrichir l’offre auprès de leurs licenciés
Et l’utilisateur final dans tout cela ?
Il a lui aussi tout à gagner ! Alors que la demande pour des pistes de padel augmente considérablement, les infrastructures sont encore très largement inaccessibles, surtout dans des zones moins urbanisées. En permettant aux collectivités et aux élus de développer leur offre sportive sans impacter les finances publiques, nous leur garantissons de répondre à ce besoin naissant d’une part grandissante de leurs concitoyens. Cela permet donc aux pratiquants de trouver une piste près de chez eux, et qui plus est, de bénéficier de réductions tarifaires et de pouvoir jouer à un prix très raisonnable, ce qui est loin d’être une chose aisée lorsque le terrain est exploité par un prestataire privé classique.
Quel est le modèle économique qui permet de mettre en place cette offre ?
Notre modèle économique tient en 3 points :
- Un foncier quasi gratuit à long terme.
- Une technologie propriétaire et autonome de contrôle d’accès, développée en interne, qui permet d’exploiter les pistes sans personnel permanent et donc sans coût d’exploitation significatif au niveau des clubs.
- Un partenariat local avec un club de tennis, qui assure la gestion de la partie animation, les cours de padel et l’organisation des tournois.
Pour terminer, peux-tu nous dire où vous en êtes actuellement et quelles sont les perspectives de développement pour les mois et les années à venir ?
Nous avons lancé nos premiers projets en 2025 et la dynamique est très bonne. Nous sentons un vrai intérêt des élus pour des solutions sportives accessibles, sans contrainte de gestion ni d’investissement.
Depuis 12 mois, nous avons sillonné la France à la rencontre des élus et des collectivités. À date, nous avons validé 26 ouvertures dans 25 villes pour un total de 57 pistes. Nous devrions valider 4 ou 5 projets supplémentaires d’ici la fin de l’année 2025. Nos premiers travaux démarrent ce mois-ci. Notre ambition pour la France est de développer 200 clubs d’ici 2030.
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