Philippe Bouclet, président de la Fédération française de Tir à l’arc, nous a accordé une interview dans laquelle nous l’interrogeons, notamment, sur le fonds de dotation qu’a mis en place sa fédération afin de continuer à organiser des grands événements internationaux de Tir à l’arc, malgré la diminution du soutien financier de l’Etat et des collectivités locales.
Olbia le Blog : Lors de votre dernière assemblée générale, en avril 2014, vous avez créé un fonds spécifique dédié à l’organisation des « grands évènements internationaux ». Il est abondé par une participation de 2 euros par personne depuis le 1° septembre dernier. Pouvez-vous nous parler de l’origine de ce fonds, détailler les actions que vous allez mettre en place grâce à cette action innovante et quelles compétitions sont ciblées ?
Philippe Bouclet : Depuis 2 ans, le Comité français du sport international (CFSI), présidé par Bernard Lapasset, est sollicité pour donner son avis sur l’aide financière éventuelle apportée par le Centre national pour le développement du sport (CNDS) à la candidature des fédérations sportives à l’organisation d’événements sportifs internationaux. Des règles ont ainsi été instaurées. Ainsi, les compétitions internationales de certaines de nos disciplines (qui ne sont pas reconnues de haut niveau) ne sont plus éligibles. Je tiens à préciser que j’adhère totalement à cette nouvelle politique. Toutefois, en tant que président de fédération, je me devais de trouver des solutions à cette nouvelle donne.
Ce fonds de dotation s’est avéré être une solution efficace nous ayant permis d’assurer l’organisation du championnat du monde en 2017 de parcours 3D, ainsi que le championnat d’Europe junior en 2016 à Vittel.
L’idée est également de financer des actions mises en place à l’occasion de grandes compétitions qui n’apportent pas forcément de retour direct sur investissement pour l’organisateur : la production d’images qui est importante pour la Fédération, l’accueil des VIP, les exigences particulières de la Fédération internationale…
Ce fonds dédié ne nous empêchera pas d’aller chercher tous les financements publics possibles. Il ne se substitue pas au CNDS mais se veut comme un complément sur lequel les organisateurs peuvent s’appuyer au cas où…
Ce fonds pourra également aider la Fédération à apporter un appui logistique aux organisateurs des championnats de France, ce qui sera un retour direct pour les licenciés qui abondent le fonds. Nous avons acheté, par exemple, un camion destiné à transporter auprès des organisateurs des championnats de France, les principaux outils de communication et toute la logistique fédérale en terme de gestion et d’édition des résultats. Une partie sera financée par ce fonds.
OLB : C’est assez unique dans le sport français. Cela ressemble, mais de manière pérenne pour vous, à ce qu’a fait la fédération française de golf avec un prélèvement de 3€ par licences sur plusieurs années afin de financer une partie de la Ryder Cup 2018. Cette initiative audacieuse a t’elle était facile à faire comprendre à vos élus et vos licenciés ?
PB : Il y a toujours des sceptiques et des personnes qui ne comprennent pas forcément l’utilité d’organiser de grands événements et qui, dans un même temps, se plaignent de ne pas voir d’image de tir à l’arc à la télévision… mais les arguments pour faire comprendre la mise en place de ce que nous appelons le fonds dédié aux grands événements sont multiples et ont permis d’expliquer sa création.
Outre l’avènement du CFSI comme évoqué précédemment, une grosse problématique financière a déclenché notre réflexion. Elle a été due à un retrait de dernière minute du soutien financier du CNDS sur deux gros événements, l’un organisé par la fédération, l’autre par un de nos clubs que nous avons du soutenir.
Fort de ces deux expériences malheureuses et du désengagement progressif des collectivités territoriales, il nous fallait trouver une autre source de financement.
Nos licenciés l’ont bien compris. Ils ont également vu que notre idée était aussi, via ce fonds, de proposer de meilleurs services sur les championnats de France.
Comme le dit le proverbe ‘’Aide-toi, le ciel t’aidera’’. Je rajouterai « peut-être » !
OLB : Le 12 février prochain, l’étude d’opportunité concernant une candidature de Paris aux JO d’été 2024 sera présentée aux décideurs. Qu’en attendez-vous et êtes-vous favorable à une telle candidature ?
PB : J’ai toujours été favorable à la candidature de la France sur de grands événements quels qu’ils soient et quel qu’en soit le sport même si cela a été surement préjudiciable au financement de nos propres organisations. J’ai fait partie de ceux qui se sont tout de suite ralliés à la candidature de la France pour les Jeux de 2024 et de Paris plus spécialement.
Pour le sport en général, c’est une vraie opportunité d’être initiateur puis porteur d’un projet qui ressemblera la grande majorité des français autour de lui – la preuve en a été faite pour la candidature Paris 2012.
Pour les territoires c’est la meilleure fenêtre pour véhiculer une image de dynamisme et de terre d’accueil et, Londres en a été le parfait exemple : les JO sont un véritable outil de communication avec un retour rapide et conséquent sur investissement. D’autres l’ont compris avant nous, nous sommes bien placé pour le savoir. Pour le tir à l’arc, les Jeux – même à l’étranger – sont toujours l’occasion d’une mise en lumière de notre sport qui nous a toujours été favorable, ce le sera d’autant plus si cela se passe en France qui est la première nation en termes de licenciés de tir à l’arc dans le Monde.
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