Sport : 6 questions après les municipales

Publié le 31 mars 2014 à 14h33 dans Institutions

Le sport aura été, dans plusieurs villes, un sujet de vifs débats dans la campagne électorale qui vient de s’achever.

Comme l’a souligné un article du Parisien Magazine du 28 mars, plusieurs « grands travaux » ont notamment suscité des polémiques locales compte tenu de leur coût élevé. La MMArena (sans club résident après une construction à 102 M€) n’a évidemment pas été épargnée au Mans tout comme certains équipements de proximité (les piscines de Montauban ou Commentry).

La contestation n’a pas été systématique. On soulignera ainsi que les maires des quatre villes construisant de nouveaux stades pour l’Euro 2016 ont tous été assez facilement réélus sans que la question de l’enceinte ne soulève de débat particulier : Alain Juppé à Bordeaux, Martine Aubry à Lille, Gérard Collomb à Lyon et Christian Estrosi à Nice.

Compte tenu des résultats électoraux d’hier et des nombreux changements de maires, plusieurs questions ne manqueront pas de se poser au sujet d’équipements déjà construits ou toujours en projet.

1- L’Arena de Dunkerque est-elle mort-née ?
C’est le projet de construction de grande salle le plus avancé en France, une Arena de 8 000 places portée depuis plusieurs années par le sénateur-maire socialiste Michel Delebarre (http://lc.cx/GEs). Celui-ci a cependant été battu à plate couture par Patrice Vergriete (55% contre 26% au 2nd tour). Cet ancien adjoint aux sports (!) de Michel Delebarre s’est résolument prononcé contre l’Arena pendant la campagne : « elle coûterait quatre fois plus cher que la salle d’Antibes, où joue une équipe de basketball de PRO A et située dans une agglomération d’un million d’habitants. Quel délire ! Je ferai tout pour revoir ce projet. » De quoi inquiéter l’organisation des championnats du monde de handball 2017, qui compte beaucoup sur cet équipement qui devrait être la troisième plus grande salle sportive de France ?

2- Comment évolueront les autres projets de grandes salles sportives ?
A Marseille et Aix-en-Provence, les réélections de Jean-Claude Gaudin et Maryse Joissains-Masini devraient permettre de prolonger leur projet respectif d’Arenas (15 000 places à Marseille, 10 000 à Aix) – projets concurrents et qu’il est donc difficile d’imaginer allant tous les deux à leur terme. Le projet d’Arena de Bordeaux est pour sa part rendu plus incertain par l’élection. Il avait été lancé par la Communauté urbaine, dont la majorité a basculé de gauche à droite. Alain Juppé, qui devrait présider la nouvelle assemblée communautaire, reprendra-t-il le dossier à son compte ?

3- Le futur stade « low cost » de Niort sera-t-il construit ?
Les Chamois niortais, actuellement 4° de la Ligue 2 de football pourraient remonter en L1 l’an prochain. Le club pourrait donc avoir besoin d’investir rapidement dans de nouvelles infrastructures tout en évitant de construire un nouveau stade en dur (dans le cas où le club ne parvenait pas à se maintenir parmi l’élite). La construction d’un stade « low cost » (un stade modulable et démontable, pour seulement 15 à 20 M€, à l’instar du Matmut Stadium de Lyon) pour remplacer l’actuelle enceinte totalement vétuste, est à l’étude depuis quelque temps, mais c’est le nouveau maire de droite, Jerôme Baloge, qui devra prendre la décision (http://lc.cx/GEu). Un cas intéressant à suivre donc : celui d’une ville moyenne cherchant à investir dans un équipement à la fois bien adapté à ses ambitions sportives et ses capacités financières. Une situation assez similaire d’ailleurs à celle d’Angers et Tours : un stade vieillissant, une montée possible en Ligue 1 (Angers est 3e, Tours 5e de Ligue 2) et un nouveau maire (Christophe Béchu à Angers, Serge Babary à Tours) qui devra trouver des solutions politiques et sportives innovantes pour son club et sa ville.

4- Que va devenir le stade Yves-du-Manoir de Colombes ?
Nicole Goueta, nouvelle maire de Colombes, va trouver un dossier important sur son bureau : le devenir du stade Yves-du-Manoir, célèbre pour avoir accueilli les Jeux Olympiques en 1924. A partir de 2017, le club de rugby du Racing Metro quittera la célèbre enceinte pour l’Arena 92 de Nanterre, dont la construction a débuté à la fin 2013. Philippe Sarre, le prédécesseur de Nicole Goueta, avait porté un projet de « centre national du handball », accompagné d’une Arena de 8 000 places, mais celui-ci était tombé à l’eau. Nicole Goueta va donc devoir reprendre le dossier et réinventer une nouvelle fois l’avenir du stade Yves-de-Manoir, avec l’objectif de « redorer l’image olympique de la ville et retrouver le label olympique. Sur ce vaste périmètre au nord, nous devons avoir de grandes formations. Sans tomber dans des projets pharaoniques, on peut développer le sport pour tous, et le sport d’élite. » http://lc.cx/GEL

5- Le Stade vélodrome sera-t-il un jour vendu ?
Pas dans les six prochaines années en tout cas. La proposition de Patrick Mennucci (http://lc.cx/GE6) a agité la campagne marseillaise mais sans réellement convaincre les électeurs de la cité phocéenne comme l’a reconnu sa colistière Laurence Vichnievsky : « Ses positions courageuses sur la vente du Stade-Vélodrome ou FO ont dérangé. » Jean-Claude Gaudin, réélu pour un quatrième mandat, a lui été clair : la ville gardera le contrôle du stade tant qu’il sera maire.

6- Le stade Pierre-Mauroy de Lille sera-t-il débaptisé pour trouver un naming ?
Une des principales surprises des élections municipales a été le basculement de la Communauté urbaine de Lille Métropole. Si Martine Aubry a été réélue maire de Lille, la droite a en revanche remporté Tourcoing (Gérald Darmanin) et Roubaix (Guillaume Delbar), et donc la présidence de Lille Métropole, qui est notamment responsable du grand stade lillois. Or, l’exploitation de ce dernier coûte très cher, aussi bien à la Métropole (environ 10 M€ de contribution nette par an) qu’au club de football du Losc (près de 5 M€ de loyer annuel). Un naming a longtemps été envisagé pour soulager ce poids financer, avant que Martine Aubry n’y renonce soudainement, et sans trop d’explication, pour imposer le nom de l’ancien Premier ministre et maire de Lille. La nouvelle majorité à Lille Métropole aura-t-elle le bon sens de remettre ce dossier sur la table ?

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