Eux aussi font le sport français : Barbara Martins-Nio

Publié le 20 juin 2017 à 11h03 dans Eux aussi font le sport français...

Ils ou elles sont DG d’institution sportive, expert du sport business, avocat, startupeur, DG d’association d’élus locaux, DTN, ou directeur des sports de collectivité territoriale, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias. Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise. Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Barbara Martins-Nio, Directrice Sport chez MCI Group

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Comment as-tu été amenée à intégrer l’univers du sport ?

En dehors de ma passion pour les sports collectifs en général, et pour le handball en particulier (je jouais en championnat de France universitaire), c’est le hasard d’une société d’intérim dont j’ai poussé la porte, qui m’a orientée sur mon premier grand évènement sportif international : les Championnats du Monde de Patinage Artistique de Nice en 2000.

A compter de ce jour et dotée de cette première expérience, j’ai eu la chance de croiser les chemins de Michel Jacquet, Max Bouchet-Virette, puis Etienne Thobois, et je n’ai plus jamais quitté l’univers du sport, en enchainant évènements sur évènements, tantôt côté Comité d’Organisation (Championnat du Monde de Handball en 2001, Championnat du Monde d’Athlétisme en 2003, Paris 2012, Coupe du Monde de Rugby en 2007, Annecy 2018), tantôt coté Agence (Coupe du Monde de Foot en Afrique du Sud en 2010, JO d’hiver Vancouver 2010, JO de Londres 2012, Coupe du Monde de Foot au Brésil en 2014, Jeux Equestres Mondiaux en Normandie en 2014, Euro 2016 en France, Tour de France 2016, JO de Rio en 2016, TOP 14 2017…..).

Passion, chance, rencontre et travail ont été les composantes essentielles qui m’ont permis d’intégrer, puis de durer dans l’univers du sport.

Tu as participé à Paris 2012 et Annecy 2018. Quels sont les écueils que Paris 2024 a su éviter pour le moment et qui expliquent les échecs passés ?

A mon sens, la première réussite de Paris 2024 est d’avoir su articuler, puis incarner le principe du «one vision, one team, one voice».

Avant Paris 2024, trop d’acteurs prenaient la parole pour apporter leur propre réponse à la question « Pourquoi les Jeux Olympiques »? (si tant est que la question ait été réellement posée). Paris 2024 a su trouver son « USP » (« unique selling point » ou « argument clé de vente »), et le rendre accessible et compréhensible pour et par tous : Des jeux porteurs de passion et de sens, faits pour être partagés.

Avant Paris 2024, la première ligne était occupée par les responsables politiques (qui faisaient des promesses qu’ils ne pourraient pas tenir, ne serait-ce que par la durée éphémère de leur mandat).
Ce ne sont pas les responsables politiques qui se sont chargés du dossier et qui ont assuré la promotion de la candidature de Paris 2024, mais un mouvement sportif sous l’égide d’un duo intergénérationnel, pérenne, apolitique et légitime en les personnes de Bernard Lapasset et Tony Estanguet.
Ajoutons à cela, la nomination de Laura Flessel, championne Olympique d’escrime, au poste de ministre des sports, et la France a envoyé un autre signal fort qui va dans le sens d’une candidature résolument tournée vers le sport et ses enjeux.

D’un point de vue plus factuel, j’ai vécu la douloureuse expérience selon laquelle le choix d’une ville retenue pour l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques dépasse bien souvent le cadre du seul dossier technique, aussi bon soit-il. Les relations internationales, le lobbying (non ce n’est pas un gros mot), le contexte géopolitique, l’habileté des promoteurs, la mobilisation nationale… banalisent le dossier technique et sont autant de considérations qui façonnent la réussite d’une candidature. Si on fait la comparaison avec les candidatures précédentes, Paris 2024 a me semble-t-il mieux maitrisé et priorisé son temps, en bouclant plus tôt son dossier technique, pour mieux pouvoir se concentrer sur sa promotion en France comme à l’étranger.

Quoi qu’il en soit, avec une potentielle double attribution (2024 / 2028), le CIO agirait comme notre « Jacques Martin » national dans l’émission culte des années 80 (l’école des fans), et je garde à l’esprit cette sensation d’enfance incroyable à l’annonce du verdict final : « il n’y a pas de perdant !».

Un verdict qui valorise le chemin et l’effort au-delà du résultat, et de ce point de vue, Paris 2024, aura donné le maximum.

Si le 13 septembre Paris a les Jeux en 2024, quels changements impacteront l’univers du sport business et institutionnel en France ?

Au-delà d’être le premier évènement sportif au monde et d’avoir le retentissement que nous lui connaissons, l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques sont au niveau national un projet global capable d’impliquer et de faire travailler ensemble différentes communautés (institutions politiques, collectivités, acteurs économiques, mouvement sportif, population française….), et ce pendant près de 7 ans, autour d’un projet et d’objectifs communs. Si ça ce n’est pas déjà un énorme changement en soit !

Plus sérieusement, une des grandes forces de Paris en comparaison de la candidature de Los Angeles, c’est cette approche étatique et politique de l’organisation des Jeux Olympiques, là ou Los Angeles à une approche privée et commerciale. Je caricature volontairement, mais j’ai cette image profondément ancrée en moi s’agissant du contraste entre Sylvester Stallone accueillant les membres de la commission d’évaluation du CIO autour d’un diner somptueux dans une villa de Beverly Hills; versus Emmanuel Macron donnant rendez-vous à la même commission d’évaluation à l’Elysée pour une petite collation matinale, préalable à une réunion de travail.

Je ne veux pas porter dans cette comparaison un quelconque jugement de valeur, mais simplement souligner que la France en accueillant les Jeux Olympiques et Paralympiques saisira l’opportunité de créer une plateforme d’engagement unique, qui sera exploitée par ses différents acteurs à des fins d’accélérateur social, économique et politique.

Que les acteurs de cette plateforme soient institutionnels ou économiques, tous pourront s’engager ensemble à travers des thématiques qui feront échos à leurs valeurs, à leur positionnement de marque et/ou à leurs enjeux.

Revenons-en à MCI. Peux-tu nous en dire plus sur ton groupe et ton rôle en son sein ?

MCI est un acteur global dans le conseil et la communication événementielle.

Crée en 1987 à Genève, MCI est une entreprise familiale (fondée par Roger Tondeur et dirigée par Sebastien Tondeur) et internationale (61 bureaux à travers 31 pays).

Concrètement, ce sont aujourd’hui plus 2 000 talents à travers le monde (dont 100 en France sous la direction de Philippe Fournier) qui conseillent, conçoivent et produisent plus de 5 000 évènements par an pour le monde associatif et corporate.

MCI intervient auprès des industries de la Santé, l’Information-Communication, la Banque-Assurance, l’Automobile-Aéronautique, l’Énergie, le Tourisme & Loisirs, le Luxe, les Biens de grande consommation, les Gouvernements et les ONG, et je dirais que j’ai naturellement rejoint le groupe MCI il y 4 ans pour y développer de façon transversale et à l’International, la pénétration du groupe dans l’industrie du sport.

Ma mission au sein de MCI est triple : tirer parti de mon réseau pour générer des prospects et des clients au sein du groupe, exploiter ma compréhension de l’écosystème pour soutenir les bureaux MCI à travers le monde dans leur pénétration de marché, et enfin construire la marque MCI dans l’industrie du sport.

Ça c’est la version officielle, parce que la version officieuse c’est que le sport illustre à merveille la vision de MCI : « When people come together, magic happens » !

Pour être tout à fait concret, peux-tu nous donner des exemples de mission sur lesquels vous intervenez dans le sport ?

Dans le désordre et pour illustrer au mieux l’étendue des différentes expertises du groupe MCI et de son rayonnement à l’international : nous conceptualisons et organisons les conférences Sport et Mobilité de la FIA (Genève et Tokyo) ; nous concevons et produisons la scénographie, la captation et le live streaming des cérémonies de tirage au sort de la FIBA et de la Champions League de Basketball (Mies), nous activons offline et online les partenaires la FFF (Rio, Marseille et Stockholm) et de la LNR (Barcelone et Marseille) à l’occasion de leurs grands rendez-vous sportifs; nous co-créons les Longines Masters (Paris) et les Championnats du Monde de tir à l’arc en campagne (Dublin) ; nous activons la communauté et les tournois e-sports (Sao Paulo et Rio); nous créons et délivrons la cérémonie de présentation des équipes du Tour de France 2016 (Sainte-Mère-Eglise) ou encore la cérémonie d’ouverture des Gay Games 2018 (Paris)…etc. ; et nous avons eu l’immense honneur d’être récemment retenus par le Comité de Candidature de Paris 2024 afin de créer et délivrer « l’expérience Lima 2017 » pour le compte de délégation Française (Pérou).

Quel serait le job de tes rêves (à part intégrer Olbia…) ?

  • Travailler pour une ONG (pour donner du sens à mes actions)
  • Piquer le job de Mike Horn (pour dépasser mes limites, interagir avec le monde et prendre des risques)
  • Faire des incantations pour que nous ayons les Jeux en 2024 (pour combiner le job de mes rêves n°1 et n°2)

 

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