Le football vu de Pyongyang

Publié le 8 novembre 2013 à 1h39 dans Humeur

La modernisation du sport français a encore du chemin à faire. Et les responsables politiques ne l’y aident pas beaucoup. C’est en tout cas ce qu’on peut penser après ces derniers jours de débat sur la taxation à 75% des hauts revenus appliquée au football. On aura cherché en vain un ministre, un parlementaire, un grand élu local prenant publiquement la défense du sport professionnel en tant que secteur d’activités économiques. A l’inverse, les leçons de morale n’ont pas manqué.

Les déclarations de Jean-Luc Mélenchon à Paris-Match reflètent bien ce débat « à la française » dans tout ce qu’il a de plus caricatural :

« Si j’étais à la tête du pays, ceux qui ne paient pas leurs impôts en France n’auraient pas le droit de jouer en équipe nationale. Je signale que les footballeurs jouissent déjà de privilèges inouïs, comme le fait de ne pas payer de cotisations sur leur droit à l’image alors qu’ils coûtent très cher à la Sécurité sociale. »

La densité de niaiseries dans ces quelques phrases est assez formidable.

Une méconnaissance profonde du sujet d’abord, puisque depuis la suppression du DIC en 2010, les footballeurs paient leurs cotisations sur le droit à l’image.

Des fantasmes et légendes urbaines ensuite, avec ces « privilèges inouïs » et un coût « très cher » des footballeurs pour la Sécurité sociale qu’on serait bien en peine d’expliquer (je n’ai pas encore croisé Zlatan dans la file d’attente de mon agence locale d’Assurance maladie…).

Une absurdité totale enfin : les joueurs qui ne paient pas d’impôts en France sont tout simplement ceux qui exercent leur activité à l’étranger. Comme n’importe quel cuisinier français à New York ou directeur d’ONG au Cambodge. En quoi constitueraient-ils une anti-France à condamner ? Raymond Kopa, Michel Platini et Zinedine Zidane ont passé leurs plus belles années de football à l’étranger. Dans d’autres sports, Tony Parker ou Yannick Agnel font aujourd’hui de même. Cela ne les empêche nullement de porter haut le drapeau bleu-blanc-rouge lors des plus grandes compétitions mondiales.

Pour finir, on pourra rappeler à M. Mélenchon que, hormis en Corée du nord, la mode n’est plus trop aux chefs d’Etat désignant eux-mêmes les « bons » joueurs suffisamment vertueux pour intégrer l’équipe nationale. Eh oui, Camarade, il y a en France des fédérations sportives qui s’occupent de ce genre de choses. On appelle cela le monde associatif.

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