« Eux aussi font le sport français… » : Philippe ROBERT, CEO de Be Sport

Publié le 24 juillet 2017 à 11h28 dans Eux aussi font le sport français...

Ils sont DG d’institution sportive, expert du sport business, avocat, chasseur de têtes, DG d’association d’élus locaux, lobbyiste, DTN, ou directeur des sports de collectivité territoriale, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias. Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise. Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Philippe ROBERT, CEO de Be Sport

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Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel ?

En deux mots, j’ai d’abord  été banquier d’affaires à Londres et à Paris, puis investisseur dans le Private Equity. Mon cv est, bien sûr, sur LinkedIn !

Comment as-tu été amené à approcher l’univers du sport ?

Comme nous tous je pense, je suis passionné par beaucoup de sports différents et pas seulement par le très haut niveau. Mais quand j’ai été amené à poser un regard d’investisseur sur le sport, c’est à dire en prenant du recul et en analysant les faiblesses et les opportunités, j’ai été fasciné par le potentiel non encore réalisé. Le sport (les américains disent à juste titre les sports) regroupe une multitude d’expériences toutes potentiellement porteuses des meilleures valeurs partagées par l’ensemble de l’humanité. Il n’y a absolument aucun autre écosystème qui soit comparable.

Tu as été souvent impliqué dans l’industrie des médias, qu’est ce qui te fait créer un nouveau média maintenant ?

Le sport nous permet d’être nous-mêmes, individuellement et collectivement. Le pouvoir « aspirationnel » du sport repose sur les connexions individuelles que nous faisons entre le story telling et le story living (expériences vécues dans le monde réel). Les médias traditionnels sont structurellement et stratégiquement attachés au broadcast (un minimum d’histoires partagées avec le plus grand nombre). C’est pour cela qu’ils communiquent tous, à peu près les mêmes histoires en même temps et ne couvrent essentiellement que le plus haut niveau des disciplines majeurs. La réalité du sport est bien plus large, dans un rapport de 1 à cent mille.

Pour appréhender cette réalité, Be Sport doit permettre à tous les acteurs du sport d’entrer en conversation, plus que juste communiquer et partager des contenus.

Tu fais référence à What’s Up ?. Concrètement  c’est quoi ? Pourquoi la conversation semble t-elle être au cœur de Be Sport ?

L’extrême richesse du sport nous permet d’utiliser le story telling/living pour élargir les horizons et opportunités de chacun, individus comme organisations. Il existe chaque semaine des milliers d’histoires sportives qui ne concernent que quelques centaines ou milliers de personnes. Ces histoires sont riches d’intrigues entre leurs acteurs et de contenus. C’est pour cela que les anglais disent que le sport c’est de l’ «unscripted drama».

La conversation est le mode d’échange naturel des sportifs car, quelque soit nos niveaux respectifs, nous sommes tous autant acteurs que spectateurs. Or l’art de la conversation n’est pas seulement d’échanger des informations. C’est avant tout l’art de se découvrir les uns les autres dans un environnement multiple (et non pas bilatéral comme pour le broadcast et le peer to peer) afin de développer des liens de proximité. Pour toutes les raisons que nous connaissons le sport est le sujet de conversation le plus universel qui soit. C’est pour cela que les marques aiment s’y associer.

Les modes traditionnels d’information et de communication (broadcast et peer to peer) fonctionnent bien pour le très haut niveaux (L1, JO…) et les évènements communautaires (membres d’un club ou d’une équipe et leurs fans, entre eux, quelque soit le niveau), mais ils ignorent tout le reste et notamment les ligues et sports mineurs qui ne passent pas à la TV. Le digital permet de les appréhender, mais Il faut aussi arriver à mieux connaître chacun pour gérer ses relations avec les événements et contenus qui le concernent ou qui pourraient élargir son univers.

Avec « What’s up ? », que nous testons actuellement, Be Sport entre dans le mode conversationnel avec pour objectif de permettre aux athlètes, aux fédérations, aux marques, aux clubs, aux médias d’entrer en conversation les uns avec les autres.

What’s up ? est un nouveau type de média que nous souhaitons développer dans un mode de consommation rapide, fréquente et totalement adaptée aux terminaux mobiles. L’expérience se veut très personnalisée en se reposant sur le savoir faire éditorial des journalistes et communicants autant que sur nos algorithmes.

Peux-tu nous décrire Be Sport, son ambition et son ADN ?

Be Sport est le fruit d’une rencontre et d’une convergence de visions sur le sport, les médias et la technologie. Les fondateurs sont tous des passionnés qui se sont réunis autour de cette vison commune et y ont apporté des expertises déterminantes dans la technologie, les médias et le sport. Je parle bien sûr de Vincent Balat et Jérôme Vouillon qui ont inventé les outils de programmation de Be Sport quand ils étaient chercheurs à l’Inria et au CNRS, de Raphaelle Steg et François Trillo qui portent la vision et la capacité éditoriale et de Jean-Marc Gillet et Clément Santander qui sont les pivots entre la vision et les acteurs du sport. Bien sûr, je ne cite pas les meilleurs…

L’organisation et la segmentation du sport (fédérations indépendantes les unes des autres, niveaux, élitisme des médias) n’offrent que très peu de possibilités de synergies de moyens à l’offre. C’est unique pour un écosystème aussi grand (2 à 3% de l’économie mondiale, 20% des budgets publicitaires…) et impliquant autant de monde. Seuls quelques marques d’équipementiers, quelques médias et quelques sponsors ont une approche multisports et multiniveaux.

La numérisation du sport, qui est très avancée et portée par de vrais passionnés, s’est adaptée aux silos et aux autres segmentations. La révolution numérique n’a donc pas encore fait bouger les murs et n’a pas encore créé ce qu’elle est censée faire de mieux : créer des opportunités de synergies côté demande (Network Effect).

En se développant comme une plateforme neutre (tout sports, tous niveaux), indépendante et gratuite, Be Sport ambitionne de servir tout l’écosystème du sport (athlètes, fans, fédérations, sponsors, marques, médias…). Be Sport se positionne comme un média social immersif, complémentaire des médias traditionnels et sociaux et innovant à la croisée de l’algorithmique et de l’éditorial.

Te voilà aujourd’hui CEO et co-fondateur de Be Sport. Quelles sont tes missions et quel est ton quotidien ?

Je n’ai qu’une mission : Be Sport. Nous sommes actuellement 17 (plus 6 stagiaires fantastiques) et nous avons déjà beaucoup de partenaires, y compris un board de tout premier plan. J’essaie de ne pas gêner l’équipe dans son travail et de permettre à tous de donner le meilleur d’eux-mêmes pour innover et faire vivre le Be Sport dont nous rêvons tous. Matérialiser une vision et des technologies dans une plateforme de service capable de séduire et de créer l’adhésion est un chantier hyper ambitieux. Be Sport n’est pas juste une App. Nous construisons les solutions pour qu’une demande soit servie. C’est un processus itératif et long. Mon quotidien est donc surtout de nous donner du temps et de protéger Be Sport de tous les périls habituels liés au monde des affaires.

A quoi penses-tu en particulier ?

Nous avons eu une longue phase de R&D, qui est loin d’être finie. Le risque permanent est celui de la dispersion. Tous les jours nous avons des dizaines de nouvelles idées que notre technologie rend possible. C’est exaltant et enivrant. Surtout dans le contexte du sport qui est pour tous émotionnellement très fort. Tout ce qui touche au média et au numérique est aussi très exposé. Je m’efforce de nous garder concentrés sur nos objectifs et, jusqu’à aujourd’hui, nous avons réussi à rester discrets et à ne pas la ramener inutilement. Même en restant discrets, nous avons dû affronter la réalité, notamment pour protéger notre marque !

Comment penses-tu que Be Sport puisse s’intégrer à Paris 2024 si la France a les Jeux Olympiques ?

2024 et, a fortiori, 2028, c’est suffisamment loin pour pouvoir affirmer que les athlètes sélectionnables ne sont pas tous encore identifiés ou même connus. Le rôle de Be Sport sera de servir ceux potentiellement sélectionnables ainsi que leurs clubs/fédérations en les mettant en relation (conversation) avec tous les passionnés, mais aussi les médias et les sponsors. C’est un univers riche et passionnant. Il y a beaucoup de belles histoires et expériences à identifier et à mettre en valeur, même chez ceux, très nombreux, qui n’iront pas à Paris. Les Jeux de 2024 (et bien sûr ceux de 2020) ont déjà commencé et sont sur Be Sport. Ce qui se passera en 2024 n’en sera que l’épilogue, le bouquet final télévisé, si la télévision existe toujours !

 

 

 

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