« Eux aussi font le sport français » : Isabelle Collette, Directrice de la LNV

Publié le 6 juillet 2015 à 9h33 dans Eux aussi font le sport français...

Ils sont DG d’institution sportive, expert du sport business, avocat, chasseur de têtes, DG d’association d’élus locaux, lobbyiste, DTN, ou directeur des sports de collectivité territoriale, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias. Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise.

Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Isabelle Collette, directrice de la Ligue nationale de volleyball.

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Olbia le blog : Votre parcours professionnel très complet vous a conduit dans des institutions sportives majeures (Fédération française de basket, d’athlétisme puis DG de la ligue national de volley), chez un annonceur (SFR) et dans une association caritative avec un fort lien avec le sport (ELA). Pouvez-vous nous en dire plus ?

IC : J’ai un parcours assez linéaire finalement. Après des études marketing classiques (à l’époque aucun Master spécialisé sport n’existait encore !) et des stages tous tournés vers le sport, j’ai commencé à travailler au sein du mouvement sportif sur des postes très marketing et communication. J’ai ensuite fait un choix humain fort en rejoignant une association caritative qui faisait du sport son principal vecteur de communication. J’y ai beaucoup grandi humainement mais j’avais le souhait de me rapprocher au plus près des terrains de sport. En rejoignant la LNV, non seulement je suis clairement au centre des problématiques du sport mais en plus mon poste est à présent très transversal et m’ouvre donc de nouveaux horizons très riches.

OLB : Pourquoi avoir choisi le sport comme domaine professionnel ?

IC : Tout s’est fait très naturellement. C’est avant tout je suppose une question d’éducation et d’état d’esprit puisque j’ai baigné dans le sport depuis toute petite avec un père volleyeur et une mère basketteuse et prof d’EPS. Le basket était « mon » sport. Pour mon premier poste, j’ai répondu à une annonce de la FFBB avec un enthousiasme débordant qui s’est forcément ressenti auprès de mes futurs employeurs ! Tout s’est ensuite enchaîné naturellement et 20 ans après, je n’ai jamais quitté cet univers qui me correspond…

OLB : Selon vous, quelles qualités et compétences faut-il avoir pour y réussir ? Est-ce plus difficile pour une femme ?

IC : Je n’ai pas l’impression que ce milieu nécessite des qualités particulières par rapport à un autre monde professionnel. Une spécificité, surtout quand comme moi on travaille au sein du mouvement sportif, c’est ce mariage de bénévoles et de salariés auquel il faut savoir s’adapter, une adaptation entre le monde associatif et le monde des entreprises… Nos métiers nécessitent un investissement de tous les instants, probablement plus fort encore que dans des milieux plus classiques. La notion de « passion » est souvent au cœur de nos engagements. Mais les compétences nécessaires restent les mêmes. Quant au fait d’être une femme, j’ai toujours considéré que dans tous les domaines être différenciant n’est pas un souci mais plutôt une force. Qui plus est, j’ai toujours travaillé très bien avec les hommes en partant du principe que nous avons très souvent des approches complémentaires. Et puis, fort heureusement, l’univers se féminise et les femmes sont de plus en plus nombreuses à des postes à responsabilité.

OLB : Le volley français traverse une crise institutionnelle depuis plusieurs années. Que se passe-t-il ?

IC : Effectivement le volley français peine à trouver une stabilité politique et malheureusement, récemment encore, la Fédération a subi une nouvelle secousse. On ne va pas se mentir cette instabilité a des répercussions pour le développement du volley en général et par ricochet du volley professionnel. Nous avons besoin d’un volley fort pour progresser ensemble. C’est d’autant plus dommage que nous avions depuis quelques temps des projets communs et que nous avions l’impression d’avancer dans la bonne direction. J’espère que nous allons retrouver rapidement cet élan.

OLB : Quels sont les freins actuels au développement du volley professionnel ? Quelles sont les réformes ou les adaptations envisagées au sein de la LNV pour y remédier ?

IC : Aujourd’hui le premier problème du volley professionnel est d’ordre financier. Il est vrai dans d’autres sports. Il l’est d’autant plus au volley qui peine encore à trouver sa place sur l’échiquier médiatique. Nos clubs ont besoin d’être soutenus… Mon premier objectif en rejoignant la LNV est donc d’une part d’aider les clubs à sortir de cette situation et d’autre part de développer la médiatisation du volley professionnel, l’un nourrissant l’autre bien sûr. Ça passe par des discussions avec les diffuseurs TV pour obtenir une vraie exposition télévisuelle, par la mise à plat de nos assets marketing pour attirer des partenaires et par l’amélioration du spectacle sportif dans les clubs (pas seulement ce qui se passe sur le terrain bien sûr mais tout l’environnement événementiel).

OLB : La candidature de Paris aux Jeux de 2024 est lancée. Que peut attendre le volley français en cas de victoire et que met-il en place pour cela ?

IC : Potentiellement le volley est le seul sport qui pourrait présenter quatre collectifs dans l’équipe olympique entre la salle et le beach ! Le volley est le sport universel par excellence qui est le plus représenté mondialement auprès de sa fédération internationale (220 fédérations affiliées)… Autant d’arguments qui incitent à espérer beaucoup d’un événement planétaire en France ! Les filles ont besoin d’un nouveau projet, mais les garçons ont en ce début d’été de très bons résultats, et un joli parcours l’été dernier… La dynamique de groupe est bonne et la relève est prête. Je suis persuadée que le sélectionneur Laurent Tillie pense à cette belle échéance le matin en se levant !

OLB : Si demain vous étiez nommé ministre des sports, quelle serait votre première mesure ?

IC : Je partirais au combat pour obtenir un budget plus décent ! 0.12% du budget pour un secteur dont tout le monde s’accorde à reconnaître l’impact sur l’image du pays, les bienfaits pour la santé de ses citoyens et les vertus pour le « mieux vivre » ensemble… ça me semble bien peu !

Plus sérieusement (non que cette idée ne le soit pas !), quand je regarde la place du sport aujourd’hui en France, je me dis que nous sommes à un tournant et qu’il va falloir que le mouvement sportif s’adapte aux nouvelles pratiques, aux nouvelles attentes, qu’il sache se réinventer… C’est en route bien sûr, puisqu’on ose enfin faire rimer sport avec business… Mais il y a des axes de progrès forts dans les liens entre le monde professionnel du sport et le monde amateur et bénévole. Il sera intéressant d’ailleurs de se pencher sur le statut et l’accompagnement des bénévoles qui sont les clés de voute de notre modèle sportif français. Cela pourrait être un bon premier sujet de travail !

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