Des équipements sportifs low cost ?

Publié le 21 mars 2014 à 15h40 dans Equipements

Dans son effort de réduction des dépenses publiques, l’Etat envisagerait de baisser sa dotation aux collectivités territoriales de 10,5 Md€ sur l’ensemble du quinquennat. Cette baisse amputerait considérablement la capacité d’investissement des villes, départements et régions.

Dans le sport notamment, ce resserrement général des budgets des collectivités pourrait ouvrir une période de disette dans la construction de nouveaux équipements, qu’ils soient de proximité ou dédiés au sport de compétition.

Il pourrait aussi stimuler l’émergence de nouveaux types d’infrastructures sportives, conçues différemment et moins coûteuses.

Les journaux français ont beaucoup relayé l’exemple de la Basketball Arena de Londres 2012. D’une capacité de 12 000 places, elle était essentielle pour les JO mais peu utile après. Elle a donc été construite comme un équipement « temporaire » puis a été démontée et revendue après les Jeux. Son coût de construction fut cependant de 50 M€, soit un prix bien inférieur à celui d’une Arena « pérenne », mais néanmoins élevé pour un équipement seulement utilisé par Londres le temps des JO.

En France, l’exemple du Matmut Stadium est encore plus parlant. Il a été construit par le club du LOU Rugby de Lyon lorsque celui-ci a rejoint le TOP 14 en 2011. Le stade de Vuillermet (4 800 places), dans lequel le LOU jouait alors, ne répondait plus aux normes exigées.

Le LOU a fait le choix de construire un stade modulable et provisoire – un projet facilité par le fait que son actionnaire principal est GL Events, l’entreprise spécialisée dans la construction d’équipements temporaires et qui a d’ailleurs réalisé la Basketball Arena de Londres.

● Ouvert en novembre 2011, le stade du LOU a été construit en un délai record – 82 jours ! La vidéo suivante permet de bien comprendre à la fois sa conception originale et la qualité du produit final : http://www.gl-events.tv/home?playlist=5&video=115.

● Il est dimensionné aux besoins du club, qui n’est pas ancré dans l’élite (il est aujourd’hui redescendu en Pro D2) mais a l’ambition de l’être (il devrait remonter en Top 14 cette année). Sa capacité est de 8 000 places et elle est modulable. Si le LOU rejoint à nouveau le Top 14, sa capacité peut être agrandie à 12 000 places avec notamment l’installation d’une tribune supplémentaire.

● Le stade est aussi temporaire : quand le LOU sera installé durablement dans le TOP 14, il pourra s’installer au stade Gerland.

● Ce caractère temporaire et modulable ne l’empêche pas d’être moderne dans son fonctionnement. L’équipement comprend ainsi une importante zone d’« hospitalités », dont une trentaine de loges, un restaurant et deux espaces réceptifs.

● Le coût de construction n’a été que de 15 M€ (intégralement pris en charge par le club). Il n’a donc pas grevé les finances du LOU ou de la collectivité.

● L’enceinte est par ailleurs le premier stade de rugby français à bénéficier d’un contrat de naming : la mutuelle d’assurances Matmut lui verse 1 M€ par an pendant 5 ans.

L’exemple du LOU montre donc qu’il est possible de concevoir et réaliser des stades de petite capacité de manière différente des installations traditionnelles en adaptant le coût d’investissement et de fonctionnement aux besoins sportifs réels.

Une démarche similaire est-elle possible pour les équipements de proximité ?

L’idée d’équipement temporaire n’est en tout cas pas neuve. Chaque hiver, des patinoires provisoires s’installent ainsi dans de nombreux centres-villes. On se rappelle aussi des « bassins d’apprentissage mobiles », lancés à la fin des années 60 et qui étaient implantés dans des villes sans piscine. Pendant plusieurs mois, ces petits bassins (environ 12 mètres sur 6) permettaient d’apprendre à nager à des enfants.

Des équipements se concentrent également sur des besoins précis (pratique de loisir, sport-santé, etc.) plutôt que d’être dimensionnés pour des emplois plus rares (les compétitions). Les city-stades (où l’on peut pratiquer des sports aussi différents que le football, handball, basket, volleyball, etc.) en sont une bonne illustration.

On pourrait aussi imaginer des gymnases ou des dojos construits non plus « en dur », pour plusieurs décennies, mais, comme pour le stade du LOU, avec une conception plus légère et pour une durée limitée (10 à 15 ans).

Ce serait un modèle « low cost » appliqué au sport : concentrer la construction sur l’essentiel (l’accès à la pratique sportive), supprimer tout le superficiel (sans sacrifier évidemment la sécurité et la qualité fonctionnelle et environnementale) et réduire au maximum les coûts.

Les collectivités territoriales et les acteurs sportifs y auraient tout intérêt compte tenu de la situation des finances publiques et de l’évolution rapide des pratiques sportives. Qu’est-ce qui les empêche d’évoluer dans ce sens ? Essentiellement, il nous semble, des raisons psychologiques. L’équipement sportif est souvent perçu comme une réalisation de prestige, qui doit s’ancrer à long terme dans la ville et marqué le mandat d’un maire. Certains élus veulent du gros et du beau, même si cela coûte parfois (trop) cher.

Ce sera peut-être un effet imprévu (et positif !) des coupes budgétaires à venir : encourager la construction d’équipements « alternatifs », moins coûteux et axés sur un besoin simple et urgent – le développement de la pratique sportive.

Aucun commentaire

Meuris Fabien

merci beaucoup pour l’article et le dej !

J’ai honte les gars que vous m’ayez invité au resto… Je vous en dois au moins deux. Quelles sont vos adresses mail ?

A +

Fabien Meuris

J’ai raté l’envoi de mon mail je crois. Merci pour l’article les gars et le dej.

J’ai honte que vous m’ayez invité ! Les prochains sont pour moi. Par ailleurs, je n’ai pas vos mails…

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