A la rencontre de Frédéric Paquet, nouveau président de la Fédération française de football américain

Publié le 23 janvier 2025 à 8h48 dans Non classé

Olbia poursuit son cycle d’entretiens des présidentes et présidents de fédération nouvellement élus afin de les découvrir et leur permettre de partager leur vision et leurs défis pour leur mandat.

Aujourd’hui nous échangeons avec Frédéric Paquet, Président de la fédération française de football américain.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours jusqu’à ce mandat 2025-2028 ?

Je viens d’un milieu scientifique, je suis diplômé d’une licence en physique-chimie. J’ai travaillé quelques temps sur des plateformes pétrolières, puis je suis rentré en France pour obtenir un master en management du sport et un Master de marketing passé à l’ESSEC. J’ai une longue histoire avec le sport, d’abord comme pratiquant, puis comme dirigeant. J’ai déjà présidé la Fédération Internationale de football américain de 1999 à 2006. En parallèle, j’ai dirigé des clubs professionnels en rugby et en football, le Stade Français, Colomiers rugby, le LOSC, ou encore l’ASSE. J’ai vécu 2 ans aux États-Unis avant de revenir en France, et je vis aujourd’hui près d’Aix, où j’ai dirigé une fondation pour enfants en difficulté scolaire avant de prendre la tête de la fédération.

Pourquoi avez-vous décidé de monter une liste pour ces élections ?

En 2023, j’avais déjà été sollicité mais le timing n’était pas idéal. En 2024, voyant qu’aucun candidat ne se démarquait, j’ai pris la décision de me lancer. J’ai constitué une liste avec un CODIR entièrement renouvelé, pour repartir avec du sang neuf et faire émerger une nouvelle génération de dirigeants, d’autant plus que l’équipe précédente ne souhaitait pas se représenter.

Quelles ont été vos premières impressions en prenant la présidence de la fédération ?

Le nombre de licenciés, en augmentation, m’a agréablement surpris, signe que le football américain gagne en notoriété en Europe, notamment grâce au Super Bowl et à la popularisation du football américain et du cheerleading via les films et les séries. J’ai également apprécié que l’équipe précédente ait réussi à redresser une situation financière auparavant très préoccupante, un mérite que je dois reconnaître à ma prédécesseur. Mais il reste de nombreux défis, notamment l’absence de stratégie de développement claire, le besoin de rénovation des programmes de formation et de structuration des compétitions.

Quelles ont été vos premières actions en débutant votre mandat ?

Dès que nous avons compris qu’il n’y aurait pas de liste concurrente, nous avons pu nous mettre au travail, avec des objectifs simples : faire jouer les licenciés et former les encadrants. Il est essentiel de restructurer les ligues, qui ont peu évolué depuis 15 ans, de rafraîchir les programmes de formation, d’augmenter le volume des compétitions, et d’inciter à la recherche active de jeunes licenciés. Notre priorité aujourd’hui est de revenir à ces fondamentaux. Ayant dirigé depuis 2 ans la commission de la première division de football américain, nous avons déjà commencé à restructurer le championnat : en réduisant le nombre de divisions, nous avons pu créer plus de densité territoriale. Cela permet notamment de réduire le volume de déplacements, coûteux pour les clubs. Nous envisageons maintenant d’appliquer ces mêmes principes de réforme au flag football et au cheerleading.

Quelles sont les perspectives de votre fédération pour le haut niveau ?

Pour le football américain, nous repartons de zéro, car la discipline n’est plus reconnue de haut-niveau par le ministère des Sports. Nous perdons les financements associés, notre comité directeur a donc décidé de fermer les pôles espoirs et l’équipe de France à la fin de la saison. Pour reconstruire le haut-niveau du football américain, nous devons repartir par la base et redévelopper nos championnats. C’est différent pour le flag football, qui sera discipline olympique à Los Angeles, où nous visons la qualification. Actuellement, nous sommes classés cinquièmes mondiaux au niveau masculin et onzièmes au niveau féminin. Bien que nous manquions de financements pour un véritable programme de haut niveau, nous sommes résolus à nous battre. La France accueillera d’ailleurs les championnats d’Europe en septembre 2025 à Paris, ce qui représentera une étape cruciale dans notre parcours de qualification olympique. Les cinq meilleures équipes se qualifieront pour les championnats du monde en 2026, où les trois premières places seront directement qualificatives pour les Jeux. À défaut, nous devrons passer par les championnats d’Europe de 2027 pour ensuite tenter notre chance au TQO (Tournoi de Qualification Olympique).

Le fait que le président de la fédération internationale, Pierre Trochet, soit français vous est-il bénéfique ?

Absolument, cela simplifie grandement les échanges sur les enjeux internationaux. Pierre et l’IFAF (Fédération internationale de football américain) ont collaboré étroitement avec la NFL pour intégrer le flag football au programme olympique. Cette réussite est cruciale pour nous et nous espérons voir cet élan se prolonger jusqu’aux Jeux de 2032, qui est également un objectif majeur pour la NFL.

Gardez-vous une activité professionnelle en parallèle de votre mandat ?

Oui, j’accompagne le propriétaire de l’AJ Auxerre dans le développement international du club, notamment en Chine mais cette activité me laisse le temps nécessaire pour mes responsabilités fédérales.

Quelles sont vos sources d’inspiration en dehors de votre sport ?

J’aime observer ce qui se passe dans d’autres disciplines sportives et dans d’autres pays ; il est crucial d’être ouvert aux évolutions. Nous voyons émerger de nouvelles formules de compétitions et de ligues professionnelles dans le football, le golf, le tennis, et bien d’autres sports. Tout cela sera solidement établi dans dix ans. C’est donc à nous de suivre ce mouvement, de créer de nouveaux modèles et formats de compétition, de diversifier nos sources de financement, et de réfléchir à ce que nous apportons à nos licenciés. Nous devons innover et anticiper ce que nous serons dans dix ans, ce qui me passionne énormément.

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