Philippe Bana : « Il faut s’adapter aux nouvelles demandes ou le sport se transformera sans nous »

Publié le 10 mars 2021 à 11h11 dans Gouvernance du sport

Nous avons interrogé plusieurs nouveaux présidents de fédération pour connaitre leurs impressions et leurs premières mesures. Découvrir un nouveau poste, un nouvel environnement, de nouvelles responsabilités, notamment dans cette période, n’est pas simple. Nous les remercions de s’être ainsi livrés avec franchise afin que nous puisions mieux comprendre leurs premiers mois de présidence et leur vision de l’avenir du mouvement sportif français. Nous commençons cette série avec Philippe Bana, président de la fédération française de handball.

Olbia Conseil : Cela fait trois mois (élection le 28 novembre 2020) que vous êtes président de la fédération française de handball. Quelles ont été vos premières mesures en tant que président ?

Philippe Bana : La période électorale était une difficulté majeure pour nous car en amont de compétitions majeures et au milieu d’une crise sans précédent et sans aucun budget clair pour 2021.
Les premières mesures d’urgences ont été de sécuriser :

  • les championnats en cours , rédiger les protocoles pour permettre aux mineurs de jouer, faire redémarrer les divisions dérogatoires ( la D2 féminine qui ne jouait pas)
  • nos partenaires sur la route vers 2024 ; avec Bertrand Gille Vice-président en charge de la marque handball, rencontrer les 20 partenaires et fournisseurs de la FFHB pour présenter la nouvelle équipe et la road map 2024.
  • nos modèles par un audit interne qui permette de mesurer nos marges et dangers.
  • nos parcours de performance en difficulté, accompagner nos équipes de France dans leurs compétitions internationales d’hiver dont elles se sont bien sorties avec 10 millions de téléspectateurs et 2 demi finales
  • nos relations institutionnels en rencontrant les décideurs nationaux

La 2° vague de mesures était la mise en place de ce plan de reprise sur lequel on travaille depuis 2 mois. C’est un plan de relance et de solidarité sans précédent de 12 millions d’euros, représentant 40% du budget de la FFHB en 2021. Ce plan s’appuie sur un PGE de 5M€. Il a pour objectifs de :

  • Relancer et dynamiser par des mesures économiques courageuses nos licenciés fidèles et nos clubs sans activité en 2020
  • Signer les protocoles avec le ministère pour mettre en place l’idée de clubs co-éducateurs citoyens avec l’école d’où nous venons
  • Accompagner l’emploi, l’apprentissage et la formation des bénévoles en priorité
  • Accompagner les clubs dans leur digitalisation au travers des services simples de proximité avec des acteurs compétents et synergiques ( My coach, Helloasso, Sponso +, Be sport …)…
  • Décloisonner notre fonctionnement, remettre la machine en réseau collaboratif vers les services aux clubs et aux licenciés et un modèle territorial apaisé.

Sacrés 100 premiers jours !

Vous avez commencé fort ! Qu’est-ce qui vous a le plus surpris en arrivant ? 

L’éparpillement des acteurs du sport et l’absence de lien !

Il nous a fallu retisser les contacts disparus et relier la famille handball. Il y avait des urgences partout car le management sportif est un exercice quotidien et la période élective n’était pas la bonne, générant une congélation des décisions fédérales pendant 3 mois, à 8 mois des JOP en pleine période COVID. Il ne faudrait pas faire d’élection avant les JOP mais on ne le refera pas, j’espère !
On a découvert de la distance et de la défiance entre monde amateur et monde pro, de la distance entre la FFHB ses territoires et ses clubs. Heureusement, nous avons une équipe soudée, orientée « contact terrain ». Cela a permis de parler, de renouer les liens cassés, de trouver rapidement l’énergie positive qui nous anime tous aujourd’hui. Nous nous attendions à cette difficulté donc nous n’avons pas été surpris.

Si nous vous interrogeons dans un an sur le bilan de votre 1° année de mandat, qu’aimeriez-vous pouvoir nous répondre ? 

D’abord, que nos clubs et nos licenciés soient sortis de cette terrible époque pour le sport et la société, et que le sport reparte de l’avant comme un outil de santé et d’éducation. Pour cela, au hand , il faudra avoir réussi le plan de solidarité et de reprise dont je viens de parler, sur lequel on a tout misé. Après, sur notre vision 2024 pour notre sport, avoir respecté nos engagements : 

  • Avoir installé un monde du handball plus collaboratif entre monde fédéral et monde pro entre fédéral et local…
  • Avoir soutenu notre handball féminin et l’avoir développé dans l’esprit de parité qui nous caractérise
  • Avoir inventé un modèle de réseau collaboratif dans notre sport et plus une armées en râteau
  • Avoir emmené nos équipes aux JOP pour gagner des médailles 
  • Avoir développé de vrais services pour nos clubs licenciés et territoires , être plus prés d’eux
  • Avoir diversifié notre modèle économique en danger
  • Avoir réussi notre modèle éducatif et renforcé nos compétences en formation 

Juste avoir fait ce que nous avions dit ce serait bien !

Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels va être confrontée votre fédération / le mouvement sportif ces prochaines années ?

Le sport va être confronté a des changements profonds, mais il l’est déjà ! On se rend bien compte des transformations de fond, des attentes des ados et des publics qui changent,  de l’effet accélérateur du COVID sur les pratiques sociales, des nouveaux modes de consommation. Les fédérations devront impérativement se moderniser encore plus ( management, gouvernance, adaptation à la demande des  licenciés, clubs, nouvelles générations , diversification des pratiques…).

Le danger de décalage est réel et nous guette tous : il faut s’adapter aux nouvelles demandes ou alors le sport se transformera sans nous. Il faut être agile est mettre en place des offres utiles et adaptées, être plus en avance sur les causes portées par le sport, arrêter de ne vendre que de la compétition qui n’est qu’une petite partie de la demande.

2024 ne doit pas être vécu comme une apothéose sinon ce sera un chant du cygne et le rideau va se tirer derrière ! 2024 doit être un tremplin, une porte ouverte, pas un mur, sinon il sera celui sur lequel le sport se fracassera. 
Il y a tant de chose à faire et à changer pour adapter la seule force éducative et de santé de notre société, que le challenge est magnifique !!

Aucun commentaire

Michel J. Filliau

« Change or you will be change » (Thomas Bach IOC President)

Pas fan de ce monsieur Bana, mais je reconnais la justesse de ses propos!
Enfin ils ne focalisent plus sur les seuls licencies / subventions !
A suivre!

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