Sport-santé : 8 bonnes raisons de soutenir la réforme Fourneyron

Publié le 2 décembre 2013 à 16h50 dans sport-santé

La législation actuelle exige la présentation d’un certificat médical de non contre-indication à la pratique sportive lors de la délivrance d’une première licence sportive (la fréquence du renouvellement de celui-ci est fixée par les fédérations sportives) et lors de la participation à des compétitions organisées ou autorisées par les fédérations sportives aussi bien pour les licenciés que pour les non licenciés (celui-ci doit dater de moins d’un an).

La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, souhaite assouplir cette législation, comme elle l’a annoncé sur Europe 1 : « Quand vous interrogez les fédérations, elles vous répondent toutes que le certificat annuel est un handicap à la pratique. Il ne satisfait ni le sportif ni le médecin, ni la Sécurité sociale. Notre objectif est à la fois d’avoir une simplification du dispositif et une responsabilisation des sportifs. »
Nous en saurons plus lorsque le dispositif sera annoncé mais il semble que l’on se dirige vers ceci : Faire moins souvent mais mieux.

L’idée, inspirée des modèles britannique et canadien, est simple : aller une fois chez le médecin tous les 2 ans, durant l’enfance et tous les 5 ans pour les adultes de moins de 40 ans en bonne santé. La visite médicale sera beaucoup plus complète et devra durer 30 minutes, avec un électrocardiogramme notamment. Et entre les visites, vous devrez simplement répondre à un questionnaire d’auto-évaluation.

Déjà, quelques voix dissonantes, chez les médecins, notamment, se font entendre.

Voilà donc 8 bonnes raisons pour lesquelles la ministre a raison.

Le certificat n’a jamais fait l’objet d’étude scientifique permettant de prouver son efficacité.
Aujourd’hui, son obligation est donc l’application stricte du principe de précaution sans aucune preuve. Et peut-être même sert-il le plus souvent à libérer de certaines contraintes les organisateurs de compétitions ou les fédérations dans un contexte de médiatisation et de judiciarisation accrues des accidents sportifs, à la recherche de facteurs de responsabilité opposables.

Le certificat ne concerne pas tout le monde.
Quelle différence y a-t-il entre la pratique sportive en club et la pratique à l’école ? Le certificat médical ! Un certificat médical est nécessaire pour courir après un ballon dans le cadre associatif mais pas dans l’enceinte de l’école où c’est même l’inverse : il faut un certificat du médecin pour être exonéré de sport !

Le certificat est un frein à la pratique sportive d’après les dirigeants de fédérations sportives.
Avant de prendre sa licence, il faut aller chez le médecin et payer une consultation, alors même que les médecins disent qu’ils sont mal formés à cet acte qui n’est le plus souvent qu’administratif, ce que les sportifs remarquent bien…

Le certificat n’est pas généralisé à tous les pays.
Le Canada, pays du sport-santé, n’a pas de certificat médical annuel et on n’y constate pas plus d’accidentologie. Ils ont mis au point un auto-questionnaire responsabilisant pour le sportif et qui s’avère très efficace, le Q-AAP : http://www.csep.ca/cmfiles/publications/parq/q-aap.pdf

Le certificat induit un coût pour la Sécurité sociale.
Même s’il n’est officiellement pas pris en charge, de nombreux médecins le font passer pour une visite de routine afin que leurs patients soient remboursés.

L’argument principal de ses défenseurs n’est pas crédible.
Certains syndicats ou associations représentatives de médecins regrettent ce projet de réforme car « cela nous permet d’ausculter toute une partie de la population que nous ne voyons pas d’habitude, et de faire ainsi de la prévention», explique Luc Duquesnel, président du syndicat de médecins généralistes Unof-CSMF. Soit. Pourquoi alors ne pas instaurer une visite annuelle obligatoire chez le médecin ? Pourquoi seuls les sportifs devraient avoir cette « chance » de consulter annuellement leur médecin ?

Le sport est bon pour la santé.
Toutes les études le prouvent, et notamment l’expertise collective de l’INSERM de 2007 ( « Activité physique : contextes et effets sur la santé http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/1-inserm.pdf ) ou le rapport Toussaint de 2008 (http://www.irbms.com/rubriques/DOCUMENTS/rapport-toussaint-pnaps-retrouver-sa-liberte-de-mouvement.pdf). Plutôt qu’un certificat de non contre-indication à sa pratique, il faudrait inverser le processus et voir plutôt le médecin proposer des activités physiques adaptées à la pathologie du patient, à l’instar de ce qui est mis en place à Strasbourg : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/09/16/21264-sport-sur-ordonnance-plus-plus-beneficiaires

La volonté de remettre en cause l’annualité du certificat fait l’objet d’un consensus politique.
Des réflexions sont menées depuis plusieurs années par les Gouvernements de droite comme de gauche, Roselyne Bachelot ayant déjà lancé une vaste consultation en son temps.

Un commentaire

G.Santoro

Assez d’accord, sans compter que le certificat médical est parfois un frein à la pratique dans certains cas. Le Coût est important pour des familles en précarité avec plusieurs enfants qui sont intéressés par des pratiques sportives diverses et donc autant de certificat médical qu’il y a d’activités physiques….Alors le scanner et la photocopieuse viennent souvent à la rescousse du portefeuille….ce qui revient à pratiquer sans certificat délivré par un médecin et donc de « visite médicale »….avec une situation sur un plan juridique très compromettante en cas d’accident.
CQFD

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