Baisse du budget des Sports, la réaction des acteurs du secteur

Publié le 24 janvier 2025 à 15h21 dans Non classé

Ces derniers jours, athlètes, élus et institutions sportives se sont mobilisés pour contester la nouvelle baisse du budget dédié au sport. Tous dénoncent un désengagement de l’État qui semble contraire aux intérêts de la nation, quelques mois après le succès des Jeux de Paris 2024.

Retrouvez ici les principales réactions d’acteurs du sport face à la proposition de baisse du budget des Sports : tribune de l’ANDES, tribune des athlètes, communiqué de presse du CNOSF et du CPSF, FF football, FF judo, FF handball.

Olbia Conseil vous propose d’analyser les récents événements pour mieux comprendre les conséquences possibles d’une réduction des financements publics et de mettre en lumière les réactions d’acteurs clés du sport.

  1. Le budget 2025 dédié au sport

Acte 1 : La présentation du PLF 2025 en octobre 2024

Dans un contexte de restrictions budgétaires visant à atteindre une cible de déficit public de 5,4 % du PIB, le ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative a vu son budget dédié au sport amputé de 19,3 %, (-10,38 % en autorisations d’engagement et -23 % en crédits de paiement), soit 128 millions d’euros. Cette première baisse avait déjà suscité de vives inquiétudes parmi les acteurs du sport. Ces réductions compromettent non seulement le lancement de nouveaux projets, mais aussi la continuité des actions en cours.

Exemples de mesures impactées par le PLF 2025 :

– Report du plan Génération 2024, qui prévoyait la création de 5 000 équipements sportifs en trois ans, faute d’enveloppe budgétaire allouée.
– Fusion du « Pass’Sport » et des « 2 heures de sport au collège » qui s’accompagne d’une réduction de 14 millions d’euros
– Suppression des financements pour pérenniser les emplois socio-sportifs, pourtant soutenus par une enveloppe de 10 millions d’euros en 2024.
– Réduction du financement des dispositifs d’insertion par le sport de 3 millions d’euros.
– Réduction du budget de l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage).

Notons également qu’une baisse de moitié des crédits de l’État à certaines collectivités a été proposée. Elle aura nécessairement un impact sur leur capacité à investir dans les équipements sportifs et soutenir l’animation sportive locale.

Acte 2 : Un amendement pour une nouvelle coupe budgétaire

Lors du réexamen du budget des sports le jeudi 16 janvier dans le cadre du PLF 2025, le gouvernement a proposé par un amendement surprise une coupe supplémentaire de 34 millions d’euros, s’ajoutant aux 128 millions déjà prévus par le gouvernement précédent. Avec ce nouvel amendement, la baisse totale des financements de l’Etat est portée à – 30 % (hors crédits liés aux Jeux de Paris 2024). Alors que le budget des sports représente déjà seulement 0,2 % des dépenses totales du Gouvernement et que les Jeux Olympiques et Paralympiques ont provoqué un engouement sans précédent pour le sport et la pratique physique et sportive, les sénateurs se sont unanimement opposés à cet amendement.

2. Une mobilisation sans précédent des acteurs du sport

Les réactions ont été nombreuses pour contrer ces restrictions budgétaires : communiqués de presse, prises de parole publiques ou encore posts sur les réseaux sociaux à l’image des « Cartons rouges à Bercy ». Mercredi 22 janvier, lors des vœux du CNOSF, une vingtaine de dirigeants ont quitté la salle avant la prise de parole de la ministre Marie Barsacq en signe de contestation. Plus tôt dans la journée, le président de la République a répondu aux athlètes, en rappelant que « nous devons tenir nos engagements et nos moyens pour nos sportifs, afin que l’héritage des Jeux bénéficie à tous ». La mobilisation s’est poursuivie jeudi 23 janvier, à l’initiative du député Belkhir Belhaddad et du sénateur Jean-Jacques Lozach, qui ont organisé une réunion à l’Assemblée nationale.

Le message porté par tout l’écosystème est clair : sans garanties budgétaires à long terme, impossible d’assurer un avenir durable au sport ni de pérenniser l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Rien de surprenant parmi les arguments avancés par les acteurs :

  • Le sport, une réponse aux enjeux sanitaires : Le CPSF souligne d’ailleurs que « le mouvement paralympique connaît un essor remarquable, avec une demande croissante sans précédent pour des disciplines », demande à laquelle il ne sera pas possible de répondre sans moyens supplémentaires.
  • Le sport, un levier pour répondre aux problèmes sociétaux : La FF football rappelle également que « le sport doit être aidé et ses crédits soutenus en raison de son rôle éducatif et social indispensable pour lutter contre les tensions que connaît notre société ». Cet argument a également été porté par la FF handball qui insiste sur le fait que « chaque euro retiré au sport freine l’éducation, l’inclusion et la santé publique ».
  • La reconnaissance du modèle associatif : Après Paris 2024, les inscriptions sportives ont bondi de 15 % en moyenne, atteignant même +20 % pour certaines fédérations comme la FF handisport. Avec un budget aussi faible, le CNOSF alerte : « il n’y aura ni clubs supplémentaires, ni équipements accessibles, ni renforcement des encadrants sportifs. » La FF judo ajoute qu’avec une telle politique, « des milliers de bénévoles et d’éducateurs sont méprisés ».
  • Le sport, un outil de rayonnement via le haut-niveau : La France brille sur la scène internationale grâce à ses athlètes et ses compétitions. Dans une tribune signée par 425 sportifs, ces derniers dénoncent « une chaîne du haut-niveau rompue, des athlètes moins bien accompagnés », compromettant leurs performances futures et la capacité de la France à maintenir son rayonnement.

Tous les regards se tournent désormais vers la commission mixte paritaire et ses 14 membres, dont le vote final sur le budget des Sports est attendu le 30 janvier 2025.

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