Jean-François Lamour : « Le bilan de Jacques Chirac dans le sport est particulièrement important »

Publié le 10 octobre 2019 à 12h02 dans Sport et politique

Jean-François Lamour a été conseiller technique Sport (93-95) de Jacques Chirac quand il était maire de Paris, puis à l’Élysée (95-2002) lors de son 1° mandat avant de devenir son ministre (2002-2007). Nous l’avons interrogé sur ces années de collaboration au service de l’ancien président, notamment sur ce qu’il retenait du bilan Sport de Jacques Chirac.

Jacques Chirac et Jean-François Lamour

Jean-François, qu’avez-vous ressenti en apprenant son décès ?

Comme beaucoup de français j’ai ressenti une grande tristesse, un grand vide. Je voyais partir celui qui m’avait amené à la politique alors que ma formation et mon parcours personnel ne me destinaient pas du tout à cela.

Je me suis immédiatement remémoré notre première rencontre, au pied du podium des JO de Los Angeles 84 où je venais de remporter ma 1ère médaille d’or. Son regard, tout d’abord, qui vous félicite autant que ses mots ; cette grande main aussi, bienveillante, qui vient se poser sur votre épaule. Alors quand il m’a appelé, à la fin de ma carrière, pour me proposer de le rejoindre à son Cabinet de la Mairie de Paris, comme conseiller aux sports, je n’ai pas hésité un instant et ma vie d’après sportif a basculé pour longtemps dans une belle et passionnante aventure.

On a souvent dit que Jacques Chirac préférait les sportifs au sport. Est-ce vrai ?

Il aimait beaucoup les sportifs, c’est vrai. Pour autant, on a trop tendance à limiter le bilan du Président Jacques Chirac à cette empathie naturelle, cette posture de rassembleur ou encore cette « bête politique » que beaucoup se sont employés à décrire ces derniers jours.

Le domaine du sport n’a pas échappé à la détermination de Jacques Chirac qui a souhaité en faire un véritable vecteur de développement pour notre pays.

En effet, c’est sous son impulsion, pendant ses deux mandats présidentiels, que plusieurs dispositifs structurants pour le sport Français ont vu le jour. J’en citerai quelques exemples : 

  • Tout d’abord, la création du CNDS, véritable levier de financement des équipements sportifs et des actions de terrain auprès des fédérations et des collectivités locales. Cette création, malgré les réticences du Budget –création d’établissement public doté d’une recette affectée- doit beaucoup à sa détermination ;
  • La mise en place de l’AFLD, dotée d’une personnalité morale à la suite de l’élaboration du code mondial antidopage, qui renforçait notre capacité à lutter efficacement contre ce fléau ;
  • L’impulsion donnée, à l’UNESCO, pour l’élaboration de la convention internationale de lutte contre le dopage ;
  • La possibilité donnée au sport professionnel de générer des recettes propres plutôt que de se nourrir de subventions publiques de plus en plus rares ;
  • Le statut, toujours envié en Europe, des arbitres qui assure à ces derniers une protection renforcée –collaborateurs de service public- et qui garantit leur indépendance ;
  • Le desserrement des contraintes d’organisation statutaire des fédérations sportives ;
  • Enfin, la rénovation, j’allais dire refondation, de l’INSEP et l’alignement des primes des sportifs paralympiques sur celles des olympiques furent parmi les dossiers qui ont marqué l’action du Président Chirac.

Au-delà de votre relation, le Ministère des Sports était-il considéré par le Président ?

Je dois dire, qu’à titre personnel, j’ai toujours trouvé auprès de lui une oreille attentive et bienveillante quand il a fallu préserver le périmètre budgétaire du ministère tout en assurant un maillage territorial fort (DRDJS, CREPS, etc…) malgré les premiers effets de la RGPP.

Pour mener tous ces dossiers de front il fallait travailler dans la durée. Je ne remercierai jamais assez le Président, qui a toujours aimé s’entourer de sportifs (Guy Drut, Henry Boerio, Marie-Claire Restoux) de m’avoir accordé sa confiance au sein de ses 2 gouvernements successifs pendant 5 belles années. Pour lui, le Ministre des sports n’était pas une variable d’ajustement des compositions successives d’un gouvernement. Il devait incarner et conduire, dans la durée, une politique sportive nationale. Cette ambition pour le sport, il l’exprima dans sa globalité à l’occasion de son discours de clôture des états généraux du sport, en décembre 2002. 

Jacques Chirac, Jean-Claude Killy, Jean-François Lamour

Jacques Chirac, c’est aussi la campagne olympique de Paris 92, les Bleus 1998…

Aujourd’hui la France perd un homme passionné par son pays et celles et ceux qui le composent. Un homme qui avait en effet défendu avec brio la candidature de Paris aux JO de 1992, ouvrant ainsi la voie à Tony Estanguet ; un homme qui avait accompagné l’équipe de France championne du monde 1998 dans ses moments difficiles ; celui qui accueillait avec bienveillance et gourmandise nos champions dans ce palais de l’Élysée pour que la Nation reconnaisse leurs mérites.

Jean-François Lamour, Jacques Chirac, Aimé Jacquet.

Le bilan de Jacques Chirac dans le sport est particulièrement important. Il a su conforter un modèle en le faisant évoluer. Avec pragmatisme, et détermination. Il aimait l’engagement. Et donc le sport, pas seulement les sportifs…

Aucun commentaire

JF Vilotte

Merci pour la place donnée à ce bilan . Trois ministres, en 12 ans ,qui ont pu ainsi mettre en œuvre , dans la durée nécessaire, chacun en ce qui le concerne, de véritables politiques sportives au service de notre pays.

GILLES BERTONI

Merci à Jacques Chirac et JF Lamour d’avoir aidé à la création de la Fondation du Sport, première fondation destinée à nourrir un lien social fondé à la fois sur les valeurs du sport et son organisation structurelle et opérationnelle.
Et ce, malgré la résistance, voire même l’opposition ouverte de diverses instances sportives elles-mêmes; au premier rang desquelles le CNOSF.
Et alors même que nombre d’entreprises ont apporté spontanément, elles, leurs moyens financiers, logistiques et marketing à cette noble entreprise qui a, plus tard, servi de modèle à d’autres structures purement et simplement calquées sur la Fondation du Sport initiale.!

Vuillermoz

Jean Francois a travers ce que tu dis sur Chirac c’est de ton action dont tu parles dans le prolongement aussi de Marie George bravo à elle et à toi malheureusement aujourd’hui c’est comme sur d’autres sujets c’est la remise en cause de tout cela

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