Eux aussi font le sport français avec Karim Herida, Délégué général adjoint aux Jeux Olympiques et Paralympiques et aux grands évènements, à la mairie de Paris

Publié le 17 mai 2018 à 12h15 dans Eux aussi font le sport français...

Elles/ils sont DG d’institution sportive, expert du sport business, avocat, chasseur de têtes, DG d’association d’élus locaux, lobbyiste, DTN, ou directeur des sports de collectivité territoriale, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias. Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise. Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Karim Herida, Délégué général adjoint aux Jeux Olympiques et Paralympiques et aux grands évènements, à la mairie de Paris

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Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?

Natif de Rouen, j’occupe depuis 25 ans des fonctions de direction générale, de direction de services ou de direction de projet au sein d’institutions publiques.

J’ai commencé ma carrière à l’âge de 20 ans en tant que directeur adjoint du service Sports de la ville de Petit-Quevilly en Seine-Maritime. Mes expériences m’ont amené à travailler dans le domaine du développement social par le sport, d’abord au Football club de Trappes sous la présidence de Jamel Debouzze, puis à la ville de Saint-Denis et d’Argenteuil en tant que DGA des services à la population.

Dans le cadre de mes fonctions de directeur des sports et des grands évènements à la ville de Saint-Denis pendant plus de cinq ans, j’ai supervisé l’accueil des championnats du monde d’Athlétisme en 2003, la Coupe du Monde de Rugby en 2007 mais aussi de nombreux événements du Stade de France, dont le meeting d’Athlétisme de Diamond League et la finale de la Champions League en 2006.

J’ai rejoint par la suite la Mairie de Paris afin d’organiser et développer la filière sportivede la Ville,puis assurer la responsabilité du service du sport de proximité de la Direction de la Jeunesse et des Sports.

En 2014, je suis nommé Chef de la Mission des Grands Évènements Sportifs Internationaux en vue de l’accueil de l’UEFA EURO 2016 à Paris. J’ai assuré à cette occasion la coordination nationale de l’association du « Club des Sites » réunissant les dix villes hôtes de l’EURO 2016. En 2017 en parallèle de la préparation, de l’accueil des trois championnats du monde (Handball, Hockey-sur-Glace et la Lutte), je deviens directeur adjoint de la Mission Paris 2024. J’ai la charge de superviser, en appui du GIP,  l’organisation des temps officiels parmi lesquels : la visite de la commission d’évaluation du CIO à Paris, la négociation des contrats de ville hôte, l’organisation des Journées Olympiques et du déplacement à Lima lors de la 130ème session du CIO ainsi que les festivités qui ont suivi l’attribution des Jeux 2024 à Paris.

En décembre 2017, je suis recruté en tant que Délégué Général Adjoint aux Jeux Olympiques et Paralympiques et aux Grands Évènements. Outre le suivi de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, je supervise les préparatifs des 6grands évènements sportifs internationaux qui seront prochainement accueillis dans la capitale.

Quel est ton quotidien ?

Il n’y en a pas, au sens de la routine s’entend. Je passe d’une réunion financière à la négociation d’un contrat avec un partenaire, le traitement de sujet RH, le suivi de l’installation de plusieurs comités d’organisation, en passant par la préparation opérationnelle  d’un évènement.

Quels sont les prochains grands événements au calendrier ?

  • Les Gay Games 2018
  • La Ryder Cup 2018
  • L’EURO féminin de handball 2018
  • La Coupe du monde féminine de football FIFA 2019
  • L’EURO masculin de volleyball 2019
  • Les championnats d’Europe d’athlétisme 2020
  • Les championnats d’Europe féminins de Gymnastique artistique 2020
  • La Coupe du monde de rugby 2023

Quels enseignements avez-vous tiré de l’Euro 2016 ou d’autres grands événements et qui ont changé votre façon de faire ? 

Négocier tôt et signer tard J, c’est notre adage, mais il y a, à l’évidence, bien plus que cet enseignement à tirer de nos différentes expériences :

  • Définir une approche commune à tous ces évènements. Si chacun est unique en son genre et possède ses propres enjeux, nous avons appris que tous ces évènements doivent concourir à une ambition commune : mettre« l’Exceptionnel au service du quotidien », ou comment réussir à faire que l’évènement et ses capacités financières, médiatiques, son attractivité soient mises au service de la valorisation d’un territoire, de ses politiques publiques et de ses habitants.
  • Structurer les processus de travail et de collaboration. Notre organisation est en interaction avec une multitude de parties prenantes internes à la ville, mais aussi externes (comités d’organisation, État, Régions, sponsors, fédérations nationales et internationales, collectivités locales..).Il est vite apparu nécessaire d’adapter notre système de management et notre cadre collaboratif pour gagner en agilité opérationnelle et en réactivité, indispensables pour mener des projets complexes et atteindre des objectifs ambitieux dans les temps courts impartis.
  • Capitaliser sur les retombées positives de l’évènement. Il s’agit là d’impact et d’héritage, sur ce point, nous avons développé des approches et des savoir-faire dans nos relations avec les organisateurs d’évènements qui place cet objectif au rang un de nos discutions.
  • Pourquoi avoir créé la Mission des Grands Évènements Sportifs Internationaux puis la Délégation Générale aux Jeux Olympiques et Paralympiques et Grands Évènements ?

C’est l’organisation de l’UEFA EURO 2016 qui a justifié la création de la Mission GESI en 2014. L’accueil du troisième évènement sportif mondial sur le territoire parisien représentait un défi de taille pour la collectivité, dans un contexte sécuritaire qui n’est nul besoin de rappeler.

Pour le relever et compte tenu des enjeux portés par les nombreux événements internationaux prévus à Paris entre 2016 et 2020 (à l’époque nous ne sommes pas candidat aux JOP), la Ville a souhaité se doter d’une équipe dédiée capable d’assurer l’ensemble des négociations relatives aux conditions d’accueil de l’évènement dans la capitale ainsi que la coordination des dispositifs d’accompagnement.

La décision de créer la Délégation Générale aux Jeux Olympiques et Paralympiques et aux Grands Évènements (DGJOPGE ) a coïncidé avec la désignation de Paris comme ville hôte des Jeux de 2024 le 13 septembre 2017. Cette Délégation est issue de la fusion entre la Mission GESI et la Mission Paris 2024. Il lui revient de définir et mettre en œuvre le programme d’accueil de ses grands évènements accueillis à Paris jusqu’aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et de mettre leur effet mobilisateur au service des politiques publiques parisiennes.

Quelles sont ses missions ?

Avant de décrire les différentes missions de la Délégation, il est important de préciser le cadre dans lequel elle les exerce. La DGJOPGE décline sa stratégie et ses opérations en cohérence avec les priorités des politiques publiques municipales, dans le respect des exigences de la norme ISO 20121 pour laquelle la structure est certifiée depuis 2016 (héritage de l’EURO). Notre priorité est de concevoir des grands évènements dans une démarche durable.

Pour en revenir à ses missions, la première d’entre elles est de garantir la réussite populaire  des Jeux et des grands évènements sportifs. Comment ? D’abord, en apportant notre expertise dans le cadre de dossiers de candidature, ce qui signifie participer à notre niveau à sa conception et sa rédaction, ce qui se traduit lorsque l’événement est gagné par un soutien aux grandes fonctions d’organisation. La Délégation a également pour rôle de garantir la maîtrise budgétaire et la sécurité juridique des projets, notamment par la contractualisation des responsabilités de chaque partie prenante.

La Délégation contribue à faire de ces évènements des leviers d’attractivité et de rayonnement. Cela passe par la mise en œuvre d’une stratégie d’accueil touristique et économique adaptée à chaque évènement et la construction d’une campagne de promotion et de relations publiques. En somme, la deuxième mission de la Délégation est d’accroître la visibilité de la Ville et valoriser son action, notamment au travers du développement de coopérations internationales en lien avec les grands évènements sportifs.

Tout ceci contribue à optimiser les retombées économiques et sociales de ces évènements et bâtir ainsi un héritage au service des habitants et des territoires. Il revient à la Délégation de concevoir un programme d’héritage parisien permettant d’accélérer nos politiques publiques et plus globalement, participer à l’élaboration d’un programme d’héritage national avec l’ensemble des parties prenantes. Cela signifie développer les coopérations territoriales pour faire de ces grands évènements un levier du Grand Paris.

Cet héritage est fait par et pour  les parisiens, ils sont les premiers acteurs du projet olympique et des grands évènements. S’assurer la participation et la mobilisation des parisiennes et des parisiens, reste l’essentiel de notre action garantir que l’exceptionnel soit au service du quotidien, comme je le soulignais toute à l’heure.

Quels sont ses enjeux à moyen terme ?

À moyen terme, la Délégation se doit de répondre à quatre enjeux prioritaires :

  • Le premier est d’améliorer l’acceptabilité sociale de l’accueil de grands évènements sportifs internationaux ;
  • Le deuxième est de favoriser l’inclusion de tous les parisiens. En collaborant notamment avec la filière de l’économie sociale et solidaire, l’objectif est de mobiliser les parisiens à travers une démarche participative pour renforcer la cohésion sociale et la solidarité entre les territoires ;
  • Le troisième est de constituer un héritage social et économique pour les parisiens. Cela implique de minimiser l’empreinte environnementale de ces GESI. La lutte contre le changement climatique doit favoriser les modes de production et de consommation responsables et l’orientation vers une économie circulaire ;
  • Enfin, le dernier enjeu est de démontrer la capacité d’innovation responsable pour faire rayonner le territoire parisien à l’échelle internationale, à travers une image de Paris exemplaire et innovante.

 

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