Paris 2024 : des jeux réussis si…(1/2)

Publié le 12 septembre 2017 à 18h04 dans Economie du sport, Grands événements

Organiser les Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris en août 2024, c’est à peu prés organiser 30 championnats du monde en même temps sur le même territoire. Cela mérite-t-il autant de mobilisation pour les avoir ? Non. Les Jeux, ça doit être bien plus que ça. C’est d’ailleurs tout le sens de la candidature de Paris : faire de ces Jeux un évènement responsable, utile et durable.

Mais concrètement, cela veut dire quoi ? Ça serait quoi des JO 2024 réussis ?

Nous avons posé la question à plusieurs acteurs du sport business et institutionnel français : Paris 2024 : des Jeux réussis si….

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#SportetSociete

Magali Tezenas, Déléguée générale de Sporsora, pousse un véritable cri du coeur pour que l’héritage soit au centre du projet : « Je crois sincèrement en la capacité du sport et de l’activité physique pratiquée seule ou collectivement, à transformer notre société. L’élan donné par ces JO doit constituer une formidable opportunité sur laquelle il faudra capitaliser fortement, en multipliant les initiatives en parallèle de l’organisation des compétitions, avant, pendant et surtout après août 2024. Sans oublier les Jeux Paralympiques et tout ce qu’ils peuvent apporter pour changer les regards sur le handicap. »

Olivier Keraudren, Inspecteur général Jeunesse et Sport et ancien directeur de cabinet de  Thierry Braillard, Ministre des sports, semble convaincu du pouvoir des JO : « Je ne dirais pas que les JOP sont une bonne nouvelle si mais plutôt que les JOP sont une bonne nouvelle « CAR » ils vont permettre de placer le sport et plus largement la pratique sportive au cœur d’un projet de société et des politiques publiques. Au même titre que la candidature l’a démontré un projet de cette nature est susceptible de permettre un consensus permettant de fédérer efficacement les différents acteurs. 
L’organisation des jeux à l’horizon 2024 doit permettre un consensus large autour du rôle des potentialités du sport mais plus largement d’utiliser la pratique sportive pour infuser l’ensemble des politiques publiques. Dans un contexte de recherche de leviers innovants permettant d’impulser une nouvelle dynamique économique et sociale, les jeux vont constituer à n’en pas douter un formidable catalyseur des énergies, des initiatives et des talents. »

#GouvernanceDuSport

Quand on interroge Michel Filliau (en fonction dans le sport international), la réponse claque : « Il n’y a pas de « si », c‘est de toutes façons la meilleure nouvelle pour le mouvement olympique et sportif international et pour la France ! Au modèle français de gouvernance du sport d’évoluer et de s’adapter aux temps nouveaux du sport ! Faire de ces Jeux une édition moderne, bénéficiant vraiment au monde et saluant l’idée initiale et visionnaire de Pierre de Coubertin ! Un Coubertin 2.0 ? »

Gladys Bézier, ex DG de la FSCF, Consultante-Présidente de l’agence B&Co, le dit avec d’autres termes mais rejoint sur le fond Michel Filliau : Oui c’est une bonne nouvelle si l’avènement des jeux contribue à accélérer les changements dont le sport français a besoin pour mieux répondre aux attentes de la population et devenir économiquement et socialement plus performant. Il repose de manière historique sur un système de gouvernance relativement atypique à l’échelle internationale où les responsabilités sont réparties entre le mouvement sportif (les fédérations, les clubs) et l’Etat. Dans cette répartition chacun tente de tenir son rôle mais les moyens alloués, souvent très faibles, ne permettent pas d’assurer un développement cohérent à la fois de la pratique sportive accessible au plus grand nombre et du sport de haut niveau. Par ailleurs, les fédérations sportives peinent à adapter leur organisation aux évolutions. Or, le sport reste un vrai enjeu de société et, dans le contexte des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024, il serait bon que l’ensemble des acteurs (publics, privés) réfléchisse à la gouvernance de demain afin d’être exemplaire en terme de mixité (sociale, intergénérationnelle), de féminisation des instances et de démocratie participative. »

#SportetMediatisation

Frédéric Besnier, directeur de l’Association nationale des ligues de sports professionnels, pense aux sports peu médiatisés : « Si les JO 2024 permettent à des disciplines de prendre la lumière ; que 2024 soit une date historique dans leur développement, pour peu qu’elles aient préparé cette échéance afin de réussir sportivement, et qu’elles soient en capacité de gérer une augmentation de la pratique. Je pense notamment à de magnifiques sports trop peu médiatisés en France comme le tennis de table, le tir à l’arc et à des disciplines encore non-olympiques comme le ski nautique ou le squash si elles devenaient des disciplines invitées pour les JO de 2024.″

#SportDeHautNiveau

Jean-François Jeanne, DG d’Infront France, pense davantage aux athlètes : « C’est une réussite si l’état accompagne concrètement les athlètes dans le développement de leurs ressources car la majorité des athlètes olympiques ne vivent pas correctement de leur sport. L’état doit soutenir ces derniers en mettant en œuvre un programme de soutien notamment par les entreprises en octroyant des avantages fiscaux à ces dernières dans la lignée de la politique lancée par Thierry Braillard. »

Sur ce sujet du haut niveau, Claude Fauquet, Président du CROS de Picardie et ancien DTN de la natation, est très clair : « Oui, si nous pouvions célébrer 24 champions et championnes Olympiques et 24 titres paralympiques. Bien que nos résultats sportifs soient bons, nous n’avançons plus depuis 1996, au contraire des anglais. Nous ne devons pas les copier mais nous réinventer, réinventer le modèle sportif français sur le haut niveau. Il a fallu trois olympiades aux anglais pour commencer à tirer bénéfice des mesures prises. Il nous reste sept ans pour réformer notre modèle. Chaque semaine, chaque mois perdu se mesurera en 2024 par des résultats loin des premières ambitions affichées. Mais assurément, il n’est pas trop tard. »

#SportetEmploi

Assez logiquement, Boris Helleu, enseignant-chercheur dans le sport à l’Université de Caen, s’intéresse aux futurs professionnels du secteur : « L’héritage doit aussi être celui des compétences et des expertises acquises à l’occasion de ces JO. De nombreux jeunes étudiants des filières Management Du Sport (MDS) aspirent à se professionnaliser dans le domaine de l’événementiel et du spectacle sportif. Pour eux, les JO doivent constituer une belle opportunité de lancer leur carrière. Les étudiants MDS bénévoles sur l’événement pourraient valoriser leur expérience au-delà d’une ligne sur le CV. Ne peut-on pas imaginer qu’un étudiant-volontaire se voit attribuer des crédits ECTS dans le cadre de sa formation ? ».

Cette préoccupation rejoint celle d’Antony Bloch, fondateur du cabinet de recrutement Bloch Consulting : « Pour moi, c’est une bonne nouvelle d’accueillir les JO en 2024 si la priorité est donnée à l’aventure humaine. Si toutes les femmes et les hommes qui ont développé des expertises et des savoir-faire dans l’organisation des événements sportifs ces dernières années, mais aussi les jeunes talents qui rêvent d’un parcours dans le monde du sport, peuvent y trouver leur place et s’épanouir individuellement au service du projet collectif. »

#SportetEco

Pour Hubert Tuillier, adjoint au chef de bureau du sport professionnel et de l’économie du sport au Ministère des sports, la filière économique du sport doit être mise en avant : « Les Jeux doivent être la démonstration de notre capacité à savoir organiser, à savoir construire des équipements sportifs modernes et durables, et à développer des services et objets sportifs innovants et utilisés par tous. Ces Jeux doivent être la meilleure publicité pour toutes les entreprises du sport pour ensuite exporter notre savoir-faire à l’international. »

Matthieu ROSY, Directeur général d’UNIMEV rejoint cette position « ça sera une réussite si l’ensemble de la filière événementielle se mobilise pour animer cet événement planétaire, si les JO déclenchent ou accélèrent des investissements dans des infrastructures et équipements susceptibles d’améliorer l’attractivité du territoire et, si les entreprises en profitent pour en faire une vitrine de l’innovation française ».

Vous le voyez, les attentes sont fortes et les secteurs variés. Mesdames et messieurs les responsables du futur Comité d’organisation des JO, à vous de jouer !

La suite, à paraitre demain.

Un commentaire

ffco

Pour que Paris 2024 ouvre une nouvelle ère (JO 3.0 ?) dans un monde qui bascule, un monde qu’il faut transformer. Place de l’écologie, lutte contre les inégalités, de nouveaux rapports entre sport de création et sport de tous… Paris 2024 ? par-delà la richesse des dizaines de championnats du monde juxtaposés, une grande fête omnisports de l’égalité, des diversités, de la solidarité, de la culture et des cultures ! Construire les traces de l’avenir : un projet sportif pour tous dans une société nouvelle où chacun a sa place. Il y a du travail !

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