« Eux aussi font le sport français… » avec Dominique Jubert

Publié le 16 août 2017 à 10h38 dans Eux aussi font le sport français...

Ils sont DG d’institution sportive, expert du sport business, avocat, chasseur de têtes, DG d’association d’élus locaux, lobbyiste, DTN, ou directeur des sports de collectivité territoriale, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias. Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise. Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Dominique Jubert, Directeur associé en charge du développement et de la communication de Leroy Tremblot

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Comment as-tu été amené à intégrer l’univers du sport ?

Dans le cadre de mon cursus à l’EMLV (1996/2000) et du stage de 2ème année, j’ai eu l’opportunité d’intégrer le Comité d’Organisation FIFA France 1998 pour les 6 derniers mois de la préparation. Je faisais partie de l’équipe internalisée au sein du CO par EDS, un des partenaires informatiques de la Coupe du Monde de Football. J’étais plus particulièrement en charge de l’organisation et du déploiement informatique sur l’ensemble des sites de l’évènement (stades, centre des médias, centre d’accréditation). Cette première expérience passionnante a été complétée lors de mon stage de fin d’étude par l’accompagnement du lancement d’une agence de Relations Publiques spécialisées dans le rugby, Au delà du Sport, dirigée à l’époque par plusieurs rugbymen internationaux du Stade Français parmi lesquels Christophe Juillet, Marc Lièvremont et Laurent Guétard. Après avoir réalisé l’analyse et l’étude de marché, j’ai été embauché en juillet 2000 en tant que Business Developper.

Avant d’intégrer Leroy Tremblot, tu as donc passé par Au delà du sport, Sports & Technology Partners et LD2G Communication et marketing sportif. Peux-tu nous parler de ces 3 agences et nous dire ce que tu y faisais ?

Le fil rouge de ces différentes expériences professionnelles a été le développement commercial et la gestion de projet. Chez Au delà du Sport, en tant que Responsable du Développement, j’étais en charge de la création de l’offre commerciale et de l’organisation des programmes de relations publiques (rugby puis tennis et football) ainsi que des séminaires et incentives sport. Quand j’ai rejoint Sports & Technology Partners, j’ai accompagné la commercialisation de la première écurie de course au large, Team Océan, et j’ai coordonné ensuite pendant deux ans les partenaires du team (Brossard, Sergio Tacchini, Epson, Geolink, Lagrange, RMC,…) dans leurs opérations d’activations sur les courses (Transat Jacques Vabre, Route du Rhum, Programme Figaro, Programme 6.50) ou avec les skippers (Yvan Bourgnon, Charles Caudrelier, Frédéric Duthil, Adrien Hardy). En 2006, je rejoins les équipes de LD2G en tant que Directeur du Développement ou j’ai assuré une double mission. Je m’occupais en direct de l’offre marketing et de la régie des partenaires nationaux de l’Aviron Bayonnais (Top 14) en participant notamment à l’arrivée d’Alain Afflelou en tant que partenaire majeur du club. En parallèle, je coordonnais les comptes clés de l’agence et manageais une équipe de commerciaux sur l’activité Relations Publiques et évènements.

Parlons de Leroy Tremblot désormais, que tu intègres en 2008. Quelle est l’histoire de cette agence ?

Leroy Tremblot a été fondée en 1984 par Antoine Tremblot et Jean-Guillaume Leroy. Pendant ces premières années, elle est centrée sur l’architecture commerciale et le design graphique. Face au développement du sponsoring et convaincue du caractère spécifique de ce territoire, l’agence crée alors une offre pour accompagner les marques dans l’expression et l’exploitation de leurs partenariats. Après avoir fait ses premières armes au rallye de l’Atlas, Leroy Tremblot entre dans la famille des sports mécaniques en accompagnant l’écurie Larrousse de Formule 1. Elle en définira l’habillage graphique et les codes identitaires de 1989 à 1994. Aujourd’hui dirigée par Antoine Tremblot et moi même, Leroy Tremblot reste la seule agence de design exclusivement dédiée au sport.

En essayant de prendre du recul et de poser un regard neutre et objectif sur l’agence, c’est le caractère pionnier qui marque indiscutablement son ADN :

– Pour avoir adapté les règles et méthodes du design de marque et du design packaging aux problématiques d’habillage des équipes sportives

– Pour avoir démontré qu’une marque corporate n’est jamais conçue par rapport aux contraintes du sport.

– Pour avoir défini clairement les paramètres qui dénaturent la visibilité d’une marque dans le sport.

– Pour avoir mené un tracking permanent des modes et moyens de médiatisation dans toutes les disciplines.

– Pour avoir conçu et développé une méthode exclusive de mesure par anticipation des marques dans le sport, le Brandsoring.

– Pour détecter de nouvelles techniques et de nouveaux procédés permettant d’optimiser l’expression des marques sur les sites de compétition.

Ce souci d’innovation constant dépasse l’aspect purement esthétique de notre activité.

Tu parles d’innovation, comment cela se concrétise-t-il ? En quoi votre offre est-elle différente de celle que vous proposiez il y a quelques années ?

Innover peut paraitre une évidence pour une agence tournée vers la créativité et le design. Néanmoins, nous avons le sentiment d’avoir fait progressé la profession par des innovations marquantes. Je pense notamment :

– A la première réalisation d’une décoration de Formule 1 en marque alternée (Kronenbourg/ Tourtel) avec l’écurie Larrousse en 1994

– A la première décoration d’un bateau de course en total covering pour Banque Covefi en 2002

– A la création du Brandsoring en 2003 permettant d’anticiper sur la visibilité des espaces sur les compétitions sportives.

– A la détection du potentiel de branding des plots de départs en athlétisme en 2006 à l’occasion du Meeting Gaz de France

– A la création du concept graphique « I’m Free » pour le maxi trimaran Banque Populaire en 2007

– A la création du premier habillage graphique des matchs des équipes de France pour la FFF en 2010

– A la création de la première ligne de mobilier spécifique tennis et à un principe de panneautique volume sur les courts pour Roland Garros en 2013.

Sur ces dernières années et pour parler plus particulièrement des sujets identités visuelles, nous avons nous aussi fait évoluer notre expertise. Ces sujets stratégiques, pour un détenteur de droit ou une fédération, ne peuvent plus être abordé uniquement par le logotype. C’est tout une stratégie de marque qu’il faut mettre en place en travaillant, en amont de la création, sur les valeurs et la plateforme de marque. La notion de conseil identitaire est de plus en plus importante.

Penses-tu que ton métier sera radicalement différent dans 10 ans ?

Radicalement non car l’objectif du design reste le même : créer de la valeur et susciter la préférence. Je pense par contre que nos interlocuteurs ont déjà pris conscience de la puissance de la marque pour les grands évènements sportifs. Il suffit de voir l’importance donnée aux départements branding & licensing chez les détenteurs de droits majeurs et l’apparition des fonctions de brand manager jusqu’ici plutôt développées chez les annonceurs. Les cycles de vie des marques se raccourcissent et il est difficile de se projeter au delà de 4 ans pour l’identité d’un évènement et 8 ans pour celle d’une  fédération. Enfin, il est évident que la multiplicité des écrans et la nouvelle consommation du sport vont nous obliger  à appréhender l’exposition et la visibilité des marques avec d’autres repères.

Quels sont tes axes de croissance sur votre marché ? 

Il y en a plusieurs mais je pense plus particulièrement à ce lui autour de l’image de marque des athlètes français. A l’exception de Tony Parker qui a mené un travail assez poussé autour de sa marque TP9, on est encore très loin de ce qui a été mis en place sur un plan identitaire avec des Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic ou Andy Murray si on ne parle que de tennis.  Cette réflexion, quand elle est bien menée, doit nourrir les échanges entre le sportif et l’annonceur au moment de la négociation d’un contrat d’image et créer de la valeur avec des ressources additionnelles pendant et surtout après sa carrière sportive.

Seuls quelques sportifs français peuvent prétendre travailler sur leur image de marque. Je pense notamment à Teddy Riner ou Antoine Griezmann.  Aujourd’hui, ils gèrent plutôt bien leurs différents partenariats mais il n’y a pas de stratégie de marque autour de leur nom, ni d’éléments identitaires qui incarnent cette stratégie. Et cela dépasse bien entendu le simple usage d’une signature sur un produit. Il y a donc de quoi faire.

Sur ce type de dossier, vous avancez seul ou vous travailler en collaboration avec les agences qui gèrent les RP des athlètes type 4Success ?

 Travailler en complémentarité avec les agences conseil ou les avocats des athlètes est une nécessité et même une facilité. Nous sommes d’ailleurs en discussion avec 4Success à ce sujet. Ce type de travail ne peut se faire sans une relation de confiance et de proximité  avec le sportif qu’ils connaissent mieux que nous. Ils sont les plus à même pour avoir du recul sur l’image perçue du sportif qu’ils conseillent. Ces échanges nous permettent de définir un positionnement  et un univers de marque préalable à tout travail créatif. La rencontre avec le sportif n’intervient que dans un second temps.

Dernière question : si tu devais quitter LT, quel serait le job de tes rêves ?

Difficile de se projeter quand on aime ce que l’on fait mais impossible de ne pas avoir des rêves même professionnels. En 1998, j’ai eu l’opportunité d’intégrer le comité d’organisation de la Coupe du Monde et cela avait été une magnifique première expérience. Tout le monde était tourné vers le même objectif. Je rêverai d’intégrer le département brand management du CIO ou d’un comité d’organisation des Jeux Olympiques. Les JO, c’est l’évènement le plus intéressant à travailler en termes de marque alors que c’est paradoxalement celui ou il y en a le moins. Si les anneaux olympiques sont la constante d’une édition à l’autre, il a un travail passionnant à mener sur le territoire de marque qui lui se doit d’être exclusif et puissant. D’autant plus puissant et décalé qu’il est éphémère. Et les applications sont très nombreuses : du branding des sites, au merchandising en passant par l’habillage TV ou l’exploitation par les partenaires du CIO. Sur une photo, au premier coup d’oeil et sans voir le logo, il est facile de reconnaitre les JO de Londres, de ceux de Rio. Il a toute une réflexion derrière cela.

 

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