« Eux aussi font le sport français »…Xavier Rivoire, directeur de la communication externe de Décathlon

Publié le 17 novembre 2014 à 9h38 dans Eux aussi font le sport français...

Ils sont DG d’institution sportive, expert du sport business, avocat, chasseur de têtes, DG d’association d’élus locaux, lobbyiste, DTN, ou directeur des sports de collectivité territoriale, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias. Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise.

Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Xavier Rivoire, ancien journaliste, directeur de la communication externe de Décathlon.

XavierRivoire

Olbia le blog : Journaliste pour la BBC, L’Equipe, France Football, écrivain, consultant, puis maintenant directeur de la communication externe de Decathlon… Pouvez-vous nous parler de votre riche parcours professionnel ?

Xavier Rivoire : Je me sens très chanceux. D’abord, d’avoir un travail : le matin, lorsque j’arrive à Campus, le siège de Decathlon, je pense à celles et ceux qui sont à la recherche d’un emploi ; ensuite d’évoluer dans un univers qui me passionne : le sport. Il est toujours préférable de se projeter vers l’avant que de se retourner vers le passé, mais, quand je me pose un peu, je me dis que ces vingt-cinq dernières années et ces diverses expériences professionnelles, ont été en quelque sorte unifiées par un immuable fil conducteur. Le sport. Jeune journaliste, à l’école de Lille, mes premières piges furent des commentaires de matches de D1, dans le Nord, pour Europe 1 ; à la BBC, j’aimais particulièrement donner les résultats sportifs à l’antenne, et aller couvrir des sujets comme le procès Cantona (après son fameux coup de kung-fu contre un supporter !) ; et même, plus tard, en étant consultant en entreprise, j’aimais sans cesse tisser des métaphores sportives au cours de mes formations. Le sport est donc, avec la rencontre de l’autre et l’écriture, mon intangible source d’inspiration, ma passion.

OLB : Que retenez-vous de votre passé de journaliste et en quoi ces expériences diverses vous servent-elles dans votre job actuel ? 

XR : Je pense avoir appris le respect de l’autre, dans toute sa diversité, et le goût de l’effort et de la constance. Autrement dit : rencontrer les gens et ne rien lâcher. Journaliste, pour moi, c’était – et cela reste – être sur le terrain, entendre, certes, mais écouter, surtout, pour mieux comprendre et remettre en perspective. Avoir été reporter ou correspondant, ne jamais abandonner pour obtenir l’interview ou l’information souhaitée, m’aide évidemment dans mon métier actuel, car cela amène à l’exigence. Mais mon existence de sportif m’aide grandement également… Le runner déterminé que je tente d’être au quotidien, peut confirmer que la vie – professionnelle, personnelle – est réellement un marathon : parfois, vous souffrez atrocement, parfois, vous avez le sentiment d’être en apesanteur, mais seules la constance et l’endurance, la préparation et le partage, vous permettent de couper la ligne, de finir ce que vous avez entrepris. Et la place ou le chronomètre n’ont strictement aucune importance. La seule chose qui vaille, c’est le travail bien fait, terminé, et partagé avec les autres.

OLB : Quel est votre rôle exact et quel est votre quotidien au sein de cette grande entreprise française ? Le site www.media.decathlon.fr fait-il partie de vos missions ?

XR : Chez Decathlon, personne ne parlerait de grande entreprise. D’entreprise passionnée, constituée de clients et de collaborateurs passionnés, oui. La notion de « grande » est d’ailleurs fluctuante. Ma formule préférée vient de ma mère : « On a toujours besoin d’un plus petit que soi », et je me sens toujours tout tout petit par rapport à de grands champions, de grandes figures spirituelles, ou de grands entrepreneurs, tel Michel Leclercq, le fondateur de Decathlon. Pour l’enseigne que je représente désormais, je dirige la communication externe en France et mon rôle est d’expliquer au mieux ce qu’est Decathlon, et nos quelque 15 000 collaborateurs, et ce que fait l’enseigne, à travers ses 262 magasins dans l’Hexagone, mais aussi ses entrepôts de logistique, ses ateliers, etc… Mes relais naturels sont donc les journalistes, les institutions, les associations, les fédérations, les blogueurs et les Media en général.

Vous mentionnez le Portail Media de Decathlon France : c’est un outil que nous avons pensé et constitué en moins d’un an, au cours de cette année 2014, en étant parti de rien, ou presque, car aucun outil de communication externe n’était, chez nous, vraiment digitalisé. C’est aujourd’hui une plateforme qui rassemble l’ensemble de nos communications externes et qui est utilisé, on s’en rend compte chaque jour, par les relais d’opinion cités précédemment, mais aussi le public, nos clients. Et ceci aussi est à mon sens une vraie satisfaction.

OLB : Pour Decathlon, une candidature Olympique et Paralympique de Paris et surtout l’organisation des JO en France en 2024, serait-elle une opportunité importante ? 

XR : Je ne puis, à mon modeste niveau, répondre à cette question qui me dépasse largement, et l’enseigne que je représente adopte à peu près le même point de vue. Les enjeux stratégiques, politiques – voire géo-politiques -, économiques, etc… doivent être pensés par l’Etat, et les institutions nationales et internationales, dont, évidemment, le Ministère de la Jeunesse, de la Ville et des Sports. Ce que je puis en revanche dire sur un plan personnel quant aux jeux Olympiques, c’est qu’ils constituent évidemment une chance immense pour nous tous dans leur philosophie. Je veux dire la philosophie originelle, celle de Pierre de Coubertin. Pour Decathlon aussi, l’essentiel est de participer, pour Decathlon, évidemment, la pratique du sport élève chacun au meilleur, à son meilleur, et ce quel que soit son niveau. Certes, les jeux modernes portent leurs zones d’ombre et leurs turpitudes, mais je suis tombé amoureux des JO en les couvrant pour la BBC à Sydney en 2000, puis en les suivant à titre personnel à Athènes, Pékin ou Londres, où l’accueil réservé aux athlètes paralympiques, par exemple, fut extraordinaire. Et seul le sport olympique peut unir les peuples pareillement : chacun est patriote, bien sûr, mais chacun est aussi ouvert, tolérant, joyeux. C’est aussi la vision du sport « à la Decathlon ».

OLB : Décathlon est partenaire de Sentez-vous Sport, l’événement du Comité national olympique et sportif français. Pouvez-vous nous en parler ? Que recherchez-vous  dans ce partenariat ?

XR : Ce partenariat est formidable car il révèle naturellement et simplement l’essence même de notre enseigne : encourager le plus grand nombre à pratiquer le sport et en retirer tous les bienfaits et bénéfices. Lorsque nous avons été contacté pour être partenaire de l’opération « Sentez-vous sport », nous avons accepté avec plaisir. Il ne s’agissait pas seulement de mettre à disposition les quelque 230 de nos magasins qui organisaient déjà la Vitalsport, mais de travailler avec le CNOSF et le Ministère des Sports pour accompagner les Français dans la pratique sportive. Le Vitalsport n’est rien d’autre que cela : inviter sur nos sites les clubs de sport de chaque région, sur nos sites, pour qu’ils fassent mieux connaître leur discipline et en encouragent la découverte, et l’adoption. Et tout cela gratuitement !

OLB : Si demain vous étiez nommé ministre des sports, quelle serait votre première mesure ?

XR : J’échappe très largement aux critères du « cahier des charges » ou du « profil type » pour remplir ce rôle ! Je pense d’ailleurs que seulement une grande, très grande sportive ou un grand, très grand sportif, ou un grand, très grand politique – au sens de serviteur de la chose publique – ne pourrait ou ne devrait être Ministre des Sports. Mais c’est, à mes yeux, la plus belle des fonctions qu’un gouvernement puisse offrir. Quand Valérie Fourneyron, qui a précédé Patrick Kanner au Ministère des Sports, est venue nous rencontrer à Lille, mon directeur général, Stéphane Saigre, n’avait pour elle qu’une question : « Quand est-ce que le sport sera remboursé par la sécurité sociale ? ». Tout était dit…

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