« Eux aussi font le sport français… » Souad Rochdi, directrice événementiel et compétition de la FF d’Athlétisme

Publié le 30 juillet 2014 à 10h10 dans Eux aussi font le sport français...

Ils sont lobbyiste, DTN, DG d’institution sportive, avocat, chasseur de têtes, DG d’association d’élus locaux, directeur des sports de collectivité territoriale, ou expert du sport business, ils connaissent le sport français, ses enjeux, ses acteurs mais on les entend peu dans les médias.
Olbia le blog a souhaité leur donner la parole afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel, leur vision du sport français, les enjeux de leur institution ou de leur entreprise.

Nous poursuivons notre série « Eux aussi font le sport français… » avec Souad Rochdi, ancienne athlète, directrice événementiel et compétition de la FF d’Athlétisme (http://www.athle.fr).

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Olbia le blog : Pouvez-vous nous parler de vos études et de votre parcours professionnel ?

Souad Rochdi : Un peu comme Obélix, je suis tombée très jeune dans la potion magique du sport en général, et de l’athlétisme en particulier (sourires) ! J’ai suivi un cursus sport-étude section athlétisme-cyclisme. J’ai pratiqué l’athlétisme en club pendant 15 années, avec entre autre un titre de championne de France espoirs du 5000 m en 1997. Puis dans le cadre de mon double projet, sportif et professionnel, Reebok m’a proposé un contrat, au terme d’un BTS action commerciale-marketing, en tant que responsable de la promotion running et fitness. Ma passion pour l’athlétisme en tant que tel a ensuite repris le dessus ! J’ai alors intégré France Athlétisme Communication en tant que responsable marketing athlètes, une filiale de la Fédération Française d’Athlétisme (FFA), qui gérait notamment les droits marketing d’un certain nombre d’athlètes de l’Equipe de France. Par la suite, j’ai rejoint la FFA, d’abord comme directrice de la promotion et de la communication évènementielle, puis désormais comme directrice évènementiel et compétition, en charge également du développement dans les secteurs Hors stade et piste (athlétisme traditionnel).
J’ai également eu le bonheur d’être en charge de l’animation du Club France mis en place par le Comité National Olympique et Sportif Français dans le cadre des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Plus récemment, j’ai obtenu un Master 2 en sciences politiques : cela m’a permis de mieux appréhender les politiques publiques et d’imaginer comment elles peuvent être appliquées au monde du sport.

OLB : Justement, en parlant de politiques et de stratégies, comment la FFA prend-elle en compte les nouvelles pratiques et surfe-t-elle sur l’engouement populaire autour des événements grand public comme les courses sur route ?

SR : Contrairement à une idée reçue, les fédérations sportives délégataires d’une mission de service public ne sont pas uniquement en charge des compétions et du haut niveau ! Les fédérations ont également pour mission d’encadrer et de promouvoir leurs disciplines auprès du plus grand nombre en s’adaptant aux attentes de tous les pratiquants et aux nouvelles formes de pratiques. Aujourd’hui la FFA c’est 250 000 licenciés alors que le nombre de coureur à pied c’est environ 8,5 millions de personnes ! Il faut donc que la FFA développe de nouveaux produits pour que les clubs accueillent ces pratiquants qui font, à l’image de Monsieur Jourdain, de l’athlétisme sans le savoir ! C’est l’objectif que c’est assigné la FFA dans son plan de développement 2013-2017 avec l’idée d’aider les clubs à proposer des activités selon 5 axes : la piste, le haut niveau, les jeunes , le hors stade (jogging, footing, trail, cross, course de montagne, ultra, course sur route, marche nordique) et l’athlétisme santé-loisirs. Nous travaillons sur la mise en place d’actions et d’outils pour aider les clubs à diversifier leurs offres en s’appuyant sur 3 leviers (la formation, la structuration des clubs, l’animation territoriale) et pour leur permettre ainsi de décliner de manière transversale les 5 priorités évoquées ci-dessus. Une réflexion doit probablement également être menée avec les organisateurs privés pour voir quels services la FFA peut leur apporter, ainsi qu’à leurs participants, dans un système « gagnant-gagnant ».

OLB : Que fait au quotidien la Directrice événementiel et compétition de la Fédération Française d’Athlétisme ?

SR : Tout d’abord, les évènements n’ont d’intérêt que s’ils sont au service du plan de développement fédéral. Nous créons donc des évènements qui ont pour but de promouvoir la « destination athlétisme » (sourires) pour tous. Cela va donc du meeting Areva, en passant par les différents championnats de France, à des évènements promotionnels des pratiques de l’athlétisme pour le plus grand nombre. C’est par exemple le cas avec les Journées de la forme ou encore l’Ekiden de Paris que nous avons lancé l’année passée : il s’agit de faire un marathon sous forme de relais. C’est une manifestation fédératrice car elle peut se courir entre amis, entre collègues,… et de manière mixte ! Soit la FFA gère en direct les évènements, soit elle accompagne ses structures déconcentrés (Ligue, Clubs, Comités). Concernant plus concrètement mon métier, il s’agit donc d’élaborer la stratégie des évènements et compétions de la FFA (communication, promotion, billetterie, animation, habillage, diffusion TV…)en cohérence avec les objectifs du projet fédéral et ensuite d’en assurer la planification et le déploiement sur l’ensemble du territoire, en intégrant notamment les politiques publiques sportives locales. Mais rien ne serait possible sans la mobilisation des équipes de la FFA et de nos structures déconcentrées. Nos organisations peuvent ainsi atteindre jusqu’à 400 personnes sur certains projets transversaux avec les volontaires, les prestataires,…

OLB : Pensez-vous que les applications comme Runtastic ou les objets connectés comme les bracelets vont révolutionner la pratique du running ? Leur arrivée sur le marché a-t-il modifié votre approche des événements que vous organisez ?

SR : Les outils digitaux sont aujourd’hui essentiels car ils font partie de notre environnement et correspondent à une demande des pratiquants. Mais je crois aussi aux relations humaines. Seul le club, cellule de base essentielle pour le développement de la pratique, permet de rencontrer d’autres personnes, de bénéficier d’un encadrement formé et de qualité,… Nous veillons donc à développer nos réseaux sociaux et à promouvoir des outils digitaux pour qu’ils s’insèrent dans le projet fédéral et constituent un élément complémentaire à l’offre que la fédération et les clubs proposent. C’est par exemple le cas avec le portail communautaire http://www.jesuisuncoureur.com qui doit très prochainement évoluer vers une plateforme web plus complète. Elle va permettre d’accompagner les coureurs quel que soit leur niveau, leur garantir une pratique en toute sécurité et les amener à progresser, s’épanouir dans le loisir comme dans la compétition.

OLB : Si demain vous étiez nommée ministre des sports, quelle serait votre première mesure ?

SR : Je m’inscrirais dans la droite ligne des idées développées ci-dessus. Je mettrai en place les outils financiers et humains pour accompagner les fédérations sportives afin qu’elles puissent faire ce qui est le cœur de leur métier : promouvoir le sport pour tous. Les fédérations sportives ont une légitimité et un savoir-faire en la matière, notamment grâce à un encadrement formé à l’enseignement de la pratique, mais également aux questions de prévention, de sécurité, je me rapprocherais du ministère de la santé pour développer des programmes communs, la pratique du sport est aussi une question de santé publique … je ferais confiance au savoir-faire des fédérations !

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