14 élus qui vont changer le sport français en 2014 – N°1. Patrick Mennucci : donnez aux acteurs sportifs les moyens de se développer !

Publié le 23 janvier 2014 à 9h27 dans Non classé, Institutions

On dit souvent que les hommes et femmes politiques français se préoccupent peu du sport. Certains d’entre eux jouent pourtant un rôle fondamental dans son développement et son financement. Et parfois sans même que le monde du sport s’en rende compte ! Pour débuter l’année 2014, Olbia – Le blog vous présente donc 14 élus politiques, locaux et nationaux, de gauche et de droite, qui devraient marquer le sport français durant les prochains mois.

Patrick Mennucci, candidat à la Mairie de Marseille, Député des Bouches-du-Rhône

Ce qui va se passer en 2014. Placer Patrick Mennucci en tête des personnalités politiques qui marqueront le sport en 2014 n’a rien d’évident. L’élu socialiste n’est pas considéré comme un spécialiste du sujet. Candidat à la Mairie de Marseille en mars prochain, rien ne garantit non plus qu’il réussisse à déloger Jean-Claude Gaudin, installé à l’Hôtel de Ville depuis 1995. Patrick Mennucci s’est cependant distingué à l’occasion de cette campagne électorale par un engagement qui pourrait bien bouleverser les relations entre collectivités territoriales et clubs professionnels. A plusieurs reprises, il a déclaré qu’il vendrait, s’il était élu, le stade Vélodrome au club de football de l’Olympique de Marseille. Sa position est frontalement opposée à celle de Jean-Claude Gaudin, qui avait fameusement déclaré : « Je ne serai pas le maire qui vendra le Vélodrome. »

L’enceinte est actuellement l’objet d’une rénovation d’ampleur en vue de l’Euro 2016. Elle augmentera sa capacité à 67 000 places et sera partiellement couverte par un toit. Cette opération se fait dans le cadre d’un partenariat public-privé : la municipalité reste propriétaire du stade tandis qu’une filiale du groupe Bouygues s’est vu confier les travaux et la future exploitation de l’enceinte. Et l’Olympique de Marseille ? Il se contente de jouer dans le stade tout en voyant son loyer augmenter considérablement (on évoque le chiffre de 8 M€ par an) afin de contribuer au remboursement de la rénovation (ceux-ci coûteront 267 M€).

Un schéma très classique dans le football français – que l’on retrouve par exemple à Lille, Nice ou Bordeaux (autres stades de l’Euro 2016) – bien qu’il soit unanimement critiqué par tous les rapports qui ont traité de la question des enceintes sportives, en particulier le plus célèbre d’entre eux, celui de la commission Séguin. En 2008, celle-ci rappelait qu’en France le stade est toujours « perçu comme un enjeu politique […] Le club résident apparaît comme un simple locataire du stade et rarement comme le pivot de sa gestion ou de l’exploitation. » La commission soulignait que les clubs français n’ont donc aucune raison d’investir et de mettre en valeur l’enceinte dans lequel ils jouent, contrairement à ce qui se passe dans les championnats allemand ou anglais. Pour le rapport Séguin, pas de doute : « le système dans lequel nous nous trouvons freine l’initiative et limite le développement des stades ». A Marseille pourtant, les dirigeants de l’OM avaient eux-mêmes proposé en 2009 de racheter le stade Vélodrome et d’en financer directement les travaux. En vain.

C’est donc une partie cruciale qui se joue à Marseille avec la proposition de Patrick Mennucci. La question de la propriété et de l’exploitation des enceintes sportives est primordiale pour le développement du sport français car elle renvoie à la responsabilisation des acteurs sportifs et à leur capacité à accroître leurs revenus par la maîtrise de leur outil de travail. Le préalable indispensable à cette évolution est que les collectivités territoriales acceptent de relâcher leur tutelle historique sur les clubs qui sont prêts à se prendre en charge. Elles y perdront un peu de pouvoir symbolique (le « contrôle » du stade de la ville) mais les avantages en retour seront réels, notamment en matière de développement économique des clubs et d’économies budgétaires pour la municipalité. A cet égard, la vente du stade Vélodrome représenterait une rupture historique.

Quel enjeu pour le sport français ? Si Patrick Mennucci est élu Maire de Marseille, la matérialisation de sa promesse électorale devra encore faire face à d’importants obstacles – de l’opposition de certains supporters à la négociation très délicate avec Bouygues au sujet de l’exploitation du stade. L’avancée sera néanmoins considérable. Le sport français a manifesté une capacité étonnante ces dernières années à produire d’innombrables rapports et projets de réformes et une propension tout aussi étonnante à ne pas les mettre en œuvre. Depuis dix ans, combien de commissions et missions ont préconisé une plus grande responsabilité des clubs résidents dans l’exploitation de leur enceinte ? Peut-être une dizaine. Et pourtant peu de choses ont bougé. Seuls les projets de stades intégralement privés (Lyon, Nanterre…) ont eu le courage de s’engager dans cette voie-là. Aucune collectivité n’a encore choisi de transférer « son » stade à un club. Passer des bonnes intentions aux actes concrets, donner aux acteurs sportifs l’autonomie dont ils ont besoin pour grandir : voilà ce que symboliserait la vente du stade Vélodrome. Une révolution pour le sport français !

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