Métropoles ou stratégie de niche : quel développement pour le hockey sur glace ?

Publié le 26 décembre 2013 à 16h35 dans Sport pro

Le hockey sur glace est-il condamné à rester le parent pauvre des sports collectifs français ? Il se donne en tout cas beaucoup de mal ces derniers temps pour améliorer sa situation.

Le 22 décembre, le match Grenoble-Briançon s’est joué à guichets fermés dans le cadre inédit du stade des Alpes (avec une patinoire placée au centre du terrain de football) et a réuni, avec 19 700 spectateurs, une affluence record pour la Ligue Magnus.

Quelques jours plus tôt, le 17 décembre, la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise lançait le projet Aren’Ice, un « centre national » qui abritera le siège de la Fédération française de hockey sur glace (FFHG) et deux patinoires, pour un coût de travaux estimé à 42,7 M€.

Aren’Ice devrait ouvrir en 2016, soit un an avant les Championnats du monde 2017 que la France co-organisera avec l’Allemagne.

Ces initiatives donneront-elles un coup de fouet salvateur au hockey sur glace français ?

Sans aucun doute, le centre national de Cergy-Pontoise et les Mondiaux de 2017 apporteront des structures de haut niveau et une visibilité médiatique indispensables.

Mais ils ne suffiront pas à hisser la Ligue Magnus à la hauteur de ses concurrents suisse, allemand, suédois ou russe. Le budget des Dragons de Rouen (2,4 M€), la meilleure équipe française, est ainsi trois fois inférieur à celui de clubs allemands et dix fois moins que celui du SC Berne.

Ce sous-développement pourrait s’expliquer par une sorte de « plafond de verre » culturel. La France ne serait tout simplement pas un pays de hockey sur glace.

Le succès du match Grenoble-Briançon et l’investissement de Cergy-Pontoise contredisent cependant une telle interprétation, tout comme les 15 000 spectateurs qui chaque année remplissent les gradins de Paris-Bercy pour la finale de la Coupe de France.

Comment le hockey sur glace pourrait-il poursuivre son développement ?

Une première option consisterait à privilégier une implantation dans les agglomérations les plus importantes. Aujourd’hui, seul un des seize clubs de la Ligue Magnus se trouve dans l’une des dix plus grandes villes françaises. Pour trouver des clubs à Lyon, Nantes, Nice, Montpellier, Bordeaux ou Toulouse, il faut chercher dans les divisions inférieures. Favoriser leur promotion en Ligue Magnus (par un système de wild cards similaire à celui de la Ligue nationale de basketball) permettrait au hockey de mieux profiter du large bassin de population de ces métropoles et de leur potentiel économique.

Autre solution, autre logique : parier sur des villes moins grandes mais pour lesquelles un club de hockey sur glace apporterait une plus-value sportive bien plus grande (les villes seraient donc d’autant plus incitées à investir dans son développement).

Aucun des seize clubs de la Ligue Magnus ne se situe dans une ville possédant un club de Ligue 1 de football ou du Top 14 de rugby. A Angers, Amiens, Dijon ou Rouen, le club de hockey sur glace peut s’épanouir d’autant plus facilement que la concurrence des deux principaux sports professionnels est limitée.

Cette stratégie « de niche » serait à la fois réaliste (éviter les villes déjà saturées de sports professionnels) et prometteuse (beaucoup de villes importantes n’ont pas de clubs professionnels de premier ordre).

Quelle que soit la stratégie, sa mise en œuvre nécessiterait néanmoins de rationaliser un tant soit peu la géographie de la Ligue Magnus.

Celle-ci est aujourd’hui très présente dans les Alpes, avec six clubs sur seize (Chamonix, Morzine, Grenoble, Villard de Lans, Gap et Briançon) – auxquels il faut ajouter Annecy et Mont-Blanc en Division 1.

Réduire progressivement cette concentration (y compris par des fusions entre des clubs implantés dans un même bassin de population) constituerait un signal fort à l’égard des collectivités pouvant investir dans le hockey sur glace (soutien au club local et construction d’une enceinte moderne).

Le travail effectué par la FFHG et son président Luc Tardif avec Cergy-Pontoise (« ville nouvelle » de 191 000 habitants) montre que des projets d’une telle envergure sont tout à fait possibles.

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