Jeux olympiques : comment « inspirer une génération » ?

Publié le 20 novembre 2013 à 9h12 dans Grands événements

Quatorze mois après les Jeux olympiques et paralympiques de Londres, la Chambre des Lords vient de publier une évaluation de leur « héritage » (Keeping the Flame Alive : The Olympic and Paralympic Legacy, Report Session 2013-2014).

Pour les parlementaires britanniques, pas de doute, l’organisation des JO 2012 aura constitué un « succès exceptionnel ». Mais leur impact à long terme est jugé de façon plus critique, notamment en ce qui concerne la pratique sportive des Britanniques.

Le Gouvernement avait pourtant fait de ce sujet un des six objectifs majeurs de l’organisation des JO. Inspire a generation, telle était l’ambition. Il s’agissait d’utiliser l’engouement extraordinaire des Jeux olympiques pour accroître la pratique sportive et l’engagement bénévole des Britanniques, en particulier parmi les plus jeunes.

Or, le bilan tiré par le rapport des Lords n’est guère positif : il considère que les Jeux londoniens ont eu des effets réduits (et probablement assez éphémères) sur la pratique sportive. Aucun plan national n’a aidé les fédérations et les associations à profiter de l’« effet JO », ni à développer le sport à l’école. Les inégalités sportives au sein de la population n’ont pas véritablement diminué.

Cette situation est loin d’être inédite. Le rapport rappelle que les Jeux olympiques, quel que soit le pays organisateur, n’ont jamais augmenté durablement la pratique sportive.

L’enjeu est pourtant fondamental. Il est une partie intégrante de l’idéal coubertinien des Jeux (« Pour que cent se livrent à la culture sportive… »). Il est également un sujet de politique publique de première importance. Le rapport des Lords souligne par exemple que le coût public de l’obésité s’élève à près de 24 milliards d’euros par an au Royaume-Uni.

Comment expliquer dès lors le faible intérêt pour l’augmentation de la pratique sportive dans le cadre des JO ?

Pour des raisons pratiques d’abord. Organiser des JO est d’une telle complexité que le pays hôte se focalise sur le plus urgent (planifier les compétitions, construire à temps les équipements prévus…) et le plus prestigieux (la conquête des médailles).

Tirer parti de la dynamique des JO pour accroître la pratique sportive est également loin d’être simple.

Cela nécessite une politique spécifique, conduite parallèlement à la préparation des Jeux. En France, pour être concret, il faudrait ainsi revoir en profondeur notre politique de « sport pour tous » (qui n’a toujours pas véritablement pris en compte, depuis 30 ans, les effets de la décentralisation) :
● recentrage de l’Etat sur les missions dans lesquelles il est le plus efficace (co-financement d’équipements de proximité « structurants », accompagnement des fédérations, aides à la formation d’éducateurs et de bénévoles) ;
●  renouvellement de l’offre sportive des fédérations et des collectivités pour prendre en compte l’évolution des pratiques sportives des Français (sport-loisir, sport-détente, sport-santé…) ;
● coopération entre les établissements scolaires et les associations sportives, etc.

Le chantier est immense. Mais si un pays envisageait une candidature prochaine aux Jeux olympiques, il paraîtrait indispensable d’en faire une priorité et d’engager une réflexion le plus tôt possible avec tous les acteurs concernés.

Sinon, peut-on se demander, à quoi bon organiser des Jeux olympiques ?

 

Lien vers le rapport de la Chambre des Lords : http://www.publications.parliament.uk/pa/ld201314/ldselect/ldolympic/78/78.pdf

 

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